Après la polémique et le « tsunami médiatique », « Barbie » a enfin eu droit de cité à Noisy-le-Sec

Le long-métrage féministe de Greta Gerwig a été diffusé ce mardi 9 septembre dans les locaux d’une école de la ville, après un débat sur la censure et la culture. L’ambiance, apaisée, tranche avec les menaces d’un « petit groupe du quartier » qui avait contraint la ville à annuler la projection en plein air du film le 8 août.

Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), ce mardi 9 septembre 2025. Le film « Barbie » a été projeté au sein de l'école Arthur-Rimbaud, dans le quartier du Londeau. LP/Arnaud Journois
Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), ce mardi 9 septembre 2025. Le film « Barbie » a été projeté au sein de l'école Arthur-Rimbaud, dans le quartier du Londeau. LP/Arnaud Journois

Et soudain, le visage angélique de Margot Robbie apparaît à l’écran. Il aura donc fallu un mois pour que l’héroïne du film « Barbie » s’invite au cœur de la cité du Londeau à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis). Ce mardi soir, un mois après la polémique qui a émaillé l’été, la mairie a diffusé en plein air à l’école Arthur-Rimbaud le film de Greta Gerwig qui raconte les péripéties de la poupée la plus célèbre du monde, confrontée aux ravages du patriarcat dans la vie réelle.

Au début du film, les chaises étaient en partie vides et le public majoritairement féminin. Une bande de petites filles étaient installées au premier rang. Les habitants auraient dû découvrir le 8 août ce long-métrage féministe tout public sorti en 2023, qui met à mal les clichés autour de cette poupée autant honnie qu’admirée. La diffusion avait été annulée à la suite de pressions d’un « petit groupe du quartier », expliquait alors le maire Olivier Sarrabeyrouse (PCF) dans un communiqué.

Noisy-le-Sec, le 9 septembre 2025. La projection du long-métrage féministe de Greta Gerwig a été précédée d'un débat sur la censure et la culture. LP/Arnaud Journois
Noisy-le-Sec, le 9 septembre 2025. La projection du long-métrage féministe de Greta Gerwig a été précédée d'un débat sur la censure et la culture. LP/Arnaud Journois

« Nos agents du service public (chargés de préparer la projection) ont (…) été menacés de violence, relatait-il. Ce n’est pas la première fois dans ce quartier, et c’est inadmissible. Ces menaces ont été motivées par des arguments fallacieux, traduisant l’obscurantisme et le fondamentalisme instrumentalisés à des fins politiques ». « Ils disaient que ça prônait l’homosexualité et que c’était une atteinte à l’intégrité de la femme », avait-il précisé au Parisien.

« Cet événement du mois d’août aura eu la vertu de nous faire réfléchir »

Ce mardi 9 septembre, alors qu’un débat sur la censure des œuvres culturelles était organisé avant la diffusion, Olivier Sarrabeyrouse a tenu à revenir sur cette polémique. « Cette rencontre va nous permettre de sortir de ce tsunami médiatique, qui a tourné autour d’un thème : c’est la banlieue, le Londeau, les musulmans… dit-il. Pour s’interroger : certains ont-ils le droit de se poser en censeur ? Cet événement du mois d’août aura eu la vertu de nous faire réfléchir. »

« J’aimerais comprendre ce qui a déclenché cette polémique », s’est interrogé dans la soirée Jean-Paul Lefebvre (DVG). L’élu d’opposition reproche au maire communiste de stigmatiser les habitants. « J’aimerais savoir si à la suite de la plainte contre X qu’il a déposé, on a identifié ces fondamentalistes, ces obscurantistes », a-t-il ajouté.

« Je n’ai pas dit qu’il y avait dans la cité des obscurantistes et des fondamentalistes, lui a rétorqué le premier édile. Je pense que vous n’avez pas saisi l’objet. J’ai dit que je me battrai contre l’obscurantisme et le fondamentaliste car ces gens ont dit que le film promouvait l’homosexualité et portait atteinte à la femme. »

Quant aux suites données à sa plainte, « l’enquête est en cours », précise-t-il. Cette soirée-débat n’était donc peut-être pas le dernier épisode de cet incident qui a placé le quartier du Londeau au cœur de l’actualité médiatique.