« Aucun socialiste ne participera » : le PS rejette la nomination de Lecornu et charge Macron

Au Parti socialiste, où l’on faisait campagne pour Matignon, la nomination de Sébastien Lecornu est accueillie sans ménagement. Le PS, qui rejette toute coalition, scrutera avec attention sa première prise de parole dans l’attente d’une inflexion à gauche.

Pour les socialistes, qui espéraient Matignon, c'est la douche froide après la nomination de Sébastien Lecornu. AFP/Lou Benoist
Pour les socialistes, qui espéraient Matignon, c'est la douche froide après la nomination de Sébastien Lecornu. AFP/Lou Benoist

Pour la troisième fois, Emmanuel Macron n’aura donc pas appelé la gauche à Matignon, au grand dam du Parti socialiste, qui jusqu’au bout aura réclamé le pouvoir. Pis, pour le parti à la rose, le président nomme l’un de ses plus proches à Matignon en la personne de Sébastien Lecornu, fidèle parmi les fidèles et ministre depuis huit ans.

Dans un communiqué rédigé alors que le mouvement réunissait mardi soir son bureau national, le PS a pris « acte » de ce choix et ciblé immédiatement le locataire de l’Élysée. « Emmanuel Macron s’obstine donc dans une voie à laquelle aucun socialiste ne participera. Celle qui a conduit à l’échec et au désordre et qui aggrave la crise, la défiance et l’instabilité ».

VidéoSébastien Lecornu nommé Premier ministre

« Il prend le risque de la colère sociale légitime et du blocage institutionnel du pays », poursuit le texte du PS. Avant de prévenir à l’adresse du nouveau Premier ministre comme de Macron : « Sans justice sociale, fiscale et écologique, sans mesures pour le pouvoir d’achat, les mêmes causes provoqueront les mêmes effets ».



Mardi soir, le président de la République a pourtant pris soin d’appeler sur son téléphone le Premier secrétaire du PS Olivier Faure, vingt minutes avant de rendre sa décision publique. « Il lui a annoncé la nomination de Lecornu, confie un proche de Faure. Lui a dit qu’il ne pouvait pas nommer un socialiste car le bloc central continuait à être le pôle de stabilité. Et qu’il prendrait le soin de discuter avec tout le monde ».

« Nommer le clone de Macron, c’est un peu un jour sans fin »

Une manière également de ne pas totalement braquer le PS, dont la mansuétude sera nécessaire à la survie du nouveau gouvernement. Au PS, les premières réactions sont teintées de colère. « Une véritable provocation, inadmissible », tonne le député Arthur Delaporte. « Un choix irresponsable », « une gifle » griffe en écho son collègue Philippe Brun. « Nommer le clone de Macron, c’est un peu un jour sans fin », ironise un cadre PS. Ce mardi soir, les responsables ont organisé une visio avec leurs homologues verts pour se caler sur la réponse à apporter. Ils ont aussi échangé avec le Parti communiste.

Désormais, les socialistes attendent de pied ferme les déclarations du nouveau Premier ministre pour savoir si la pression des derniers jours aura porté ses fruits, espérant une ouverture à gauche. « On va l’attendre sur les retraites, la justice fiscale, l’étalement de la dette, les collectivités territoriales, le pouvoir d’achat… Pour être clair : est-il capable d’avoir une inflexion extrêmement lourde sur une politique qu’il a toujours soutenue ? », interroge un parlementaire de poids. « Son éventuelle survie ne pourra se faire qu’au prix d’un tournant majeur de la politique économique », confirme un député PS. Le même prévient : « Il ne faut surtout pas se précipiter pour négocier. Et si on le fait, on mettra la barre très haut ».