« Ces structures résistent bien aux crises » : les « Licoornes », des coopératives qui prennent leur revanche
Avec son festival L’Onde de Coop, qui aura lieu les 22 et 23 septembre à Paris, le collectif de sociétés coopératives Les Licoornes souhaite mettre un coup de projecteur sur cette forme d’organisation alternative à l’entreprise traditionnelle.

Et si l’herbe était plus verte à l’extérieur du cadre, bien connu, de l’entreprise traditionnelle ? C’est ce que plaident ces temps-ci sur les réseaux sociaux le collectif de coopératives Les Licoornes, qui a orchestré ces dernières semaines une opération afin de mettre toute la lumière sur les coops, ces entités économiques mal connues du grand public.
À l’origine de cette initiative, des sociétés issues de secteurs variés (l’épicier Biocoop, les voitures en libre-service Citiz, l’énergéticien Enercoop) et soucieuses d’offrir une alternative aux entreprises traditionnelles.
« Notre objectif, c’est de proposer à ceux qui le désirent une manière différente de consommer au quotidien, plaide Chahin Faïq, secrétaire général des Licoornes. Nos membres sont tous situés sur des marchés concurrentiels, où règnent de grands groupes. C’est une manière d’offrir un choix à ceux qui désirent consommer d’une manière plus favorable à la protection de l’environnement et à une plus juste répartition de la valeur. »
« Des engagements pour le climat »
Le nom du collectif est un pied de nez à Bruno Le Maire, ex-ministre de l’Économie. « Il y a quelques années, il répétait à l’envi que la France avait besoin de davantage de licornes, ces start-ups valorisées à plus d’un milliard de dollars, décrypte Béatrice Delpech, membre fondatrice du collectif et directrice générale d’Enercoop. Sauf que la plupart d’entre elles sont de grandes émettrices de gaz à effet de serre et ne paient pas d’impôts en France. Nous, nous pensons qu’il faudrait plus de licoornes, c’est-à-dire de coopératives qui prennent des engagements pour le climat et le partage de la valeur. »
L’ONU est arrivée aux mêmes conclusions. L’organisation internationale a fait de 2025 « l’année internationale des coopératives », estimant que ce type d’organisation était le plus susceptible de mettre en œuvre les objectifs de développement durable d’ici à 2030.
Plus solides, plus démocratiques
Comment expliquer qu’un modèle en apparence si vertueux demeure si minoritaire - en 2024, la France ne comptait que 22 400 coopératives - et si mal connu du grand public ? « Le mouvement coopératif a longtemps été éclaté entre différentes familles, et de ce fait, il a tardé à se faire connaître », regrette Chahin Faïq. Autre explication : l’omniprésence du très séduisant mythe du self-made-man et la peopolisation d’entrepreneurs-stars, qui auraient « fait rêver beaucoup de monde et contribué à invisibiliser un modèle qui mise sur le collectif, plutôt que sur l’individu. »
Pour Jean-François Virot-Daub, directeur général et porte-parole de Citiz, ce déficit de « notoriété spontanée » a aussi à voir avec les choix stratégiques des entreprises, qui se tournent plus volontiers vers la publicité. « Dans l’automobile, cela fait soixante-dix ans que les grands groupes vantent le modèle de la voiture individuelle, observe-t-il. À côté de ça, nous sommes un petit Poucet ! La seule stratégie viable, c’est de compter sur le bouche-à-oreille pour se faire connaître. »
Pousser à l’engagement
Pourtant, au-delà de cette campagne de communication - et d’un festival, L’Onde de Coop, qui se tiendra à Paris à l’Académie du climat les 22 et 23 septembre prochains - la forme coopérative peut se vanter d’encaisser mieux les chocs que les entreprises traditionnelles.
« La coopérative a l’avantage d’être dirigée par les sociétaires et les salariés, qui choisissent la manière dont ils veulent répartir la valeur, explique Jérôme Saddier, président de Coop FR, l’organisation chargée de représenter les coopératives en France. Puisque le capital appartient à un grand nombre d’acteurs, la valeur est affectée principalement dans la durabilité de l’entreprise, ce qui explique que ces structures résistent bien aux crises. »
Avec Les Licoornes, les coopératives espèrent également susciter des vocations et pousser les entrepreneurs à changer de logiciel. « Les jeunes générations comprennent bien qu’il y a urgence, et qu’un grand nombre d’entreprises ne jouent pas le jeu de la transition énergétique, observe Chahin Faïq. On veut leur dire que la start-up n’est pas l’unique solution, que d’autres outils existent. »
Et les grandes écoles de commerce ne s’y trompent pas : les militants du mouvement coopératif sont régulièrement invités à y présenter leur modèle aux étudiants.






