Crise politique en France : ce qu’en disent nos voisins européens

La France serait-elle devenue le nouveau malade de l’Europe ? Pour le savoir, nous avons fait un tour d’Europe, où le regard souvent amical se teinte désormais d’incompréhension.

De Londres à Barcelone en passant par Bruxelles, nos voisins portent sur la France un regard qui mêle l’inquiétude, l’incompréhension, parfois l’agacement, plus rarement la compassion. Le Parisien-DA/Elise Guérin; Istock
De Londres à Barcelone en passant par Bruxelles, nos voisins portent sur la France un regard qui mêle l’inquiétude, l’incompréhension, parfois l’agacement, plus rarement la compassion. Le Parisien-DA/Elise Guérin; Istock 

Vous vous souvenez quand on se gaussait gentiment des Belges, sans gouvernement pendant plus d’un an et demi ? Quand on plaignait les Britanniques de changer de Premier ministre à tout bout de champ, après le Brexit qui semblait avoir jeté un mauvais sort sur Downing Street ? En Italie, où la valse des dirigeants a longtemps fait partie du patrimoine politique, on enviait comme ailleurs en Europe cette « Ve » de solide constitution laissée en héritage par le général de Gaulle.

C’est actuellement un tout autre regard qui est porté sur l’Hexagone. S’y mêlent l’inquiétude, l’incompréhension, parfois l’agacement, plus rarement la compassion. Chaos, séisme, impasse, crise… Dans la presse étrangère, les mêmes mots reviennent dans toutes les langues. Ils évoquent pêle-mêle la chute de Bayrou, les incertitudes politiques et budgétaires, le mouvement « Bloquons tout » de ce mercredi dans un pays invariablement associé à sa « Révolution ».



Sans parler de la possible dégradation, vendredi, de la France par Fitch, l’agence de notation financière, pour conclure cette drôle de semaine. Le Guardian britannique résume l’affaire, en s’inquiétant d’une France devenue « peut-être ingouvernable », tandis que d’autres médias s’alarment de voir l’Europe trinquer avec les déboires hexagonaux. Petit tour d’horizon du regard que porte sur nous le Vieux Continent.

Les Britanniques scrutent le « French chaos » en convoquant l’Histoire

« La France offre un aperçu terrifiant de l’avenir britannique », avertit Matthew Lynn, éditorialiste au Daily Telegraph. Il suffit, dit-il, de remplacer les retraites françaises par les allocations maladie et sociales britanniques, et la trajectoire serait la même. Alors qu’Emmanuel Macron vient de nommer son 7e Premier ministre, Sébastien Lecornu, Keir Starmer, lui, vient de remanier dans la douleur son gouvernement, fragilisé par la démission d’Angela Rayner, sa populaire adjointe, contrainte de partir sur fond de polémique fiscale.

De l’autre côté du Chanel, où l’on sort à peine d’une valse des Premiers ministres post-Brexit, on s’accroche à la résistance du vieux bipartisme, malgré l’irrésistible ascension dans les sondages de Nigel Farage‚ le trublion d’extrême droite du Royaume. Miroir, miroir ? « Quand je me regarde, je me désole, quand je me compare, je me rassure », dit l’adage. Même les tabloïds les plus enclins au « French bashing », mettent le « French chaos » en sourdine dans leurs pages, comme s’il fallait conjurer le sort.

Pour les éditorialistes conservateurs, « l’effondrement » français est presque une aubaine rhétorique : un contre-modèle brandi pour justifier les réformes au Royaume-Uni. Istock
Pour les éditorialistes conservateurs, « l’effondrement » français est presque une aubaine rhétorique : un contre-modèle brandi pour justifier les réformes au Royaume-Uni. Istock

Pour les éditorialistes conservateurs, « l’effondrement » français est presque une aubaine rhétorique : un contre-modèle brandi pour justifier les réformes au Royaume-Uni. Le Daily Telegraph manie ainsi l’ironie, laissant entendre que les Français veulent réformer… tant qu’on ne touche à rien : « le changement est perçu comme négatif », affirme le journal, et « la positivité elle-même est profondément suspecte ». Le journal fustige une culture politique où « les croyances » de Mitterrand ― un État-providence fort ― « prévalent encore dans l’opinion publique », de la gauche à l’extrême droite, dans une République à bout de souffle.

Alors, pour la presse britannique, les options sont toutes périlleuses : nommer un autre centriste et risquer le même sort, ou se tourner vers la gauche, en l’occurrence le socialiste Olivier Faure ? The Guardian ajoute qu’un tel choix serait délicat, car Emmanuel Macron refuse de revenir sur son programme économique libéral, que les socialistes veulent précisément détricoter.

Certains vont jusqu’à convoquer les fantômes de la Révolution française, à l’image du Times qui compare la succession des chefs de gouvernement impuissants à celle des ministres des Finances, juste avant la Révolution. « Louis XVI les nomma l’un après l’autre. Tous savaient qu’il fallait être radical, mais tous furent bloqués par les intérêts installés de leur époque », relate le vénérable quotidien londonien, pour qui la France, vacillante, avance vers les extrêmes. « Les partis modérés et la présidence Macron sont un autre Ancien Régime en train de s’effondrer. » Comme un air de déjà-vu ― dit-on en français outre Manche. La guillotine en moins, of course !

Les Allemands inquiets pour l’UE

Et dire que tout allait ― enfin ― bien pour le couple franco-allemand ! L’arrivée de Friedrich Merz au pouvoir, sa bonne entente avec Emmanuel Macron après des années de relations plutôt glaciales avec Olaf Scholz… Berlin misait beaucoup sur le partenariat avec Paris pour relancer la dynamique européenne. Et voilà que tout est à reconstruire.

Au lendemain de la chute du gouvernement Bayrou, les Allemands s’inquiètent pour l’Europe. « Je suis fier que ce cœur de l’Europe batte à nouveau avec force », avait lâché Friedrich Merz, visiblement satisfait, à l’issue du Conseil des ministres franco-allemand de Toulon fin août.

Certes, « Macron reste notre interlocuteur principal et il va certainement s’assurer que le prochain gouvernement maintiendra une ligne pro-européenne », explique le député conservateur Andreas Jung, vice-président de l’assemblée parlementaire franco-allemande. Mais si rien ne change a priori à la tête de l’État, les Allemands s’attendent à un grand chamboule-tout au niveau des ministères.

Au lendemain de la chute du gouvernement Bayrou, les Allemands s’inquiètent pour l’Europe. NurPhoto via AFP/Kristian Tuxen Ladegaard Berg
Au lendemain de la chute du gouvernement Bayrou, les Allemands s’inquiètent pour l’Europe. NurPhoto via AFP/Kristian Tuxen Ladegaard Berg

Or, c’est à ce niveau que la plupart des projets binationaux ou européens sont tricotés. Les ministres de la Défense Boris Pistorius et Sébastien Lecornu étaient ainsi convenus de se retrouver à l’automne, pour prendre une décision sur les projets de défense communs.

« La polarisation de la vie politique française aura des conséquences pour l’Europe. L’Europe aurait justement besoin en ce moment qu’Emmanuel Macron soit un dirigeant fiable », estime ainsi le quotidien de centre gauche Süddeutsche Zeitung, qui titre : « Le malaise français s’enfonce au cœur de l’UE ».

Le journal rappelle la liste des dossiers brûlants qui attendent les 27 au cours des prochains mois : soutien à l’Ukraine, droits de douane avec les États-Unis, accord commercial Mercosur, augmentation des dépenses militaires, objectifs climatiques, lois migratoires…

« L’Allemagne n’est forte en Europe qu’avec la France, souligne de son côté le tabloïd conservateur Bild Zeitung. Pendant un an et demi, le duo franco-allemand n’a fait aucun progrès en raison d’élections dans l’un ou l’autre des deux pays. Or ces progrès sont vitaux pour l’avenir de l’Europe. »

Les Belges conseillent à leur voisin de se « détendre »

À Bruxelles, la très large défaite de François Bayrou ne semble étonner personne. « C’était attendu », acquiesce Loïc en nouant son tablier. Ce mardi matin, le serveur accueille ses premiers clients dans son café, niché au cœur des célèbres Galeries royales Saint-Hubert, à quelques pas de la Grand-Place. À l’intérieur, des habitués commentent la situation française « instable », journaux en mains. Mais pour beaucoup, difficile de ne pas faire le parallèle avec la Belgique.

Il faut dire que dans le royaume, les blocages politiques sont fréquents. Après 541 jours, soit plus d’un an et demi, sans gouvernement en 2010-2011, l’actuelle coalition a mis cette fois presque huit mois à se former. La région bruxelloise, elle, est encore sans exécutif, quinze mois après les élections. « Ici, on a l’habitude », s’amuse Loïc.

Alors même si c’est « ennuyeux », ça ne l’inquiète pas particulièrement, ni à Paris ni à Bruxelles. Livre sous le bras, Annick déambule dans les galeries. Adepte des JT français, cette retraitée a été marquée par l’alarmisme de ces dernières heures. « La situation est dure mais, à leur place, je relativiserais. Certes on n’a plus l’habitude, mais il faut se détendre, pour trouver des solutions. »

En Belgique, Le Soir insiste sur l’urgence face à la situation budgétaire en France. LP/Élise Guérin
En Belgique, Le Soir insiste sur l’urgence face à la situation budgétaire en France. LP/Élise Guérin

Pour le grand quotidien flamand De Standaard aussi, la crise politique française prend « des proportions caricaturales ». Mais quelques mètres plus loin, Léa secoue la tête. La jeune étudiante suit de près l’actualité du pays voisin, surtout depuis juin 2024. « J’ai l’impression qu’en France, contrairement à ici, les résultats des élections n’ont pas été écoutés. »

Alors même si elle regrette les blocages fréquents dans le royaume, qui « freinent des dossiers », la jeune femme insiste : la situation est très différente. « Moi, je dirais aux Français de continuer à s’indigner. » Le tout en sortant « au plus vite » de cette instabilité, trop « banalisée » à ses yeux en Belgique.

Mais pour avancer, encore faut-il s’entendre. Dans le plat pays, les accords de coalition sont la norme. « Il faudrait que les politiciens français fassent pareil », suggère Jean-Pierre, assis à la terrasse du café. Lunettes sur le nez, le retraité en blazer bleu lit Le Soir et sa une sur Bayrou. Mais si le média insiste sur l’urgence face à la situation budgétaire, le septuagénaire l’admet : la tâche s’annonce compliquée.

Dans l’éditorial écrit par la correspondante du journal à Paris, lit Jean-Pierre, la France a « un problème avec le compromis ». « Ce n’est pas dans leur culture, commente le retraité. Honnêtement, j’ai du mal à voir comment ils peuvent faire autrement… »

À Athènes, la crise française rappelle de mauvais souvenirs

Au lendemain de la chute du gouvernement Bayrou, c’est d’abord un séisme ― un vrai ― qui a frappé au cours de la nuit au large d’Athènes qui est au cœur des préoccupations, en Grèce. Mais la séquence politique française et ses répliques suscitent pour autant une large attention : ici, les mots « dette » et « crise » ont une résonance toute particulière.

« Des mots comme obligations, spreads, etc., vous rappellent-ils quelque chose ? Certainement oui », écrit le Journal des rédacteurs, un quotidien de gauche qui s’interroge sur la possibilité que la France devienne une « Grèce n° 2 ».

Laminée par une décennie de crises et de coupes budgétaires, l’économie grecque montre des signes de reprise, mais la population, qui en subit encore les effets, reste traumatisée. Ce 9 septembre, dans une étonnante inversion des rôles, les Grecs s’inquiètent donc pour eux-mêmes ― le journal Ta Nea liste les potentielles conséquences à l’international du « tsunami » français ― mais aussi pour la France, un pays considéré comme un allié historique.

La séquence politique française et ses répliques suscitent une grande attention en Grèce, où les mots «dette» et «crise» ont une résonance toute particulière. Istock
La séquence politique française et ses répliques suscitent une grande attention en Grèce, où les mots «dette» et «crise» ont une résonance toute particulière. Istock

« Les Grecs regardent ce qu’il se passe en France avec beaucoup d’attention parce qu’ils ont fait l’expérience de la crise et des plans de sauvetage par le FMI et les autres créanciers. Si nous avons un message à faire passer, c’est : que personne ne vienne vous sauver », explique l’écrivain Makis Malafekas, qui a passé de nombreuses années à Paris et dont les romans, traduits en français, prennent la crise grecque pour décor.

La menace d’un destin à la grecque, brandi à de nombreuses reprises par François Bayrou, a parallèlement pu choquer, alors que la France est perçue comme un pays riche et que la Grèce se vit comme une petite nation périphérique. « Indécent et scandaleux », coupe Thasos, un trentenaire rencontré sur la place de Syntagma, au cœur d’Athènes.

« La France de 2025 n’est pas la Grèce de 2009, cela n’a pas grand-chose à voir, ajoute Fragiskos Koutentakis, économiste à l’université de Crète. La France est l’une des premières puissances économiques de l’Union européenne, je ne pense pas qu’elle aura droit au même traitement que la Grèce. Alors que les économies de Bayrou représentent environ 1,5 % du PIB français, les Grecs ont pris des mesures budgétaires représentant au total 14 % du PIB, dans un contexte de profonde récession économique. »

Le mouvement « Bloquons tout » du 10 septembre, enfin, suscite une large couverture médiatique et de nombreux soutiens à gauche, alors que la France reste fortement associée à l’imagerie révolutionnaire. « D’un bout à l’autre de l’Europe, nous renforçons nos luttes communes. Vive les luttes des travailleurs en France et en Grèce ! », écrit dans un communiqué le PAME, l’intersyndicale communiste grecque.

En Espagne, l’incompréhension domine

La crise que traverse la France ne fait pas seulement la une de la presse ibérique. Elle a des conséquences très concrètes, notamment pour les Espagnols vivant près de la frontière : après un rassemblement convoqué tôt ce mardi matin devant un centre commercial de La Jonquera, ville frontalière espagnole prisée des consommateurs français en quête d’alcool et de tabac bon marché, le mouvement « Bloquons tout » organise une opération escargot à la frontière, sur l’autoroute A9 qui relie Perpignan à Barcelone.

Le péage stratégique du Boulou devrait être paralysé : l’Espagne s’attend donc à des encombrements monstres sur son territoire, avec des centaines de camions à l’arrêt sur cet axe majeur pour le transport de marchandises. Des incidents ne sont pas à écarter : l’année dernière, des camions de cava (le champagne catalan) avaient été pris pour cible à la frontière par des agriculteurs français.

« Au-delà de la chute de François Bayrou, on sent vraiment une colère et une désaffection des Français pour leurs élites, avec un président Macron incapable d’apporter des réponses », analyse Pablo Del Amo, chercheur à l’Institut Elcano, un think tank basé à Madrid. « Ça fait plusieurs années qu’on observe cette explosion sociale : les Gilets jaunes, puis les mobilisations contre la réforme des retraites, et maintenant Bloquons tout. L’usage de la violence nous interpelle car, en Espagne, c’est souvent plus pacifique », poursuit ce fin connaisseur de la France.

Il y a une quinzaine d’années, sous la pression de Bruxelles, les socialistes au pouvoir en Espagne avaient  dû imposer au pays une sévère cure d’austérité. Istock/Westend61
Il y a une quinzaine d’années, sous la pression de Bruxelles, les socialistes au pouvoir en Espagne avaient dû imposer au pays une sévère cure d’austérité. Istock/Westend61

Il y a une quinzaine d’années, sous la pression de Bruxelles, les socialistes au pouvoir à Madrid n’avaient pas eu d’autre choix que d’imposer à l’Espagne une sévère cure d’austérité : baisse de 5 % du salaire de tous les fonctionnaires, coupe de 65 milliards d’euros dans les dépenses publiques et relèvement de l’âge de la retraite à 67 ans. « J’ai l’impression que les Français ne se rendent pas compte de la situation de leur pays avec cette dette colossale », s’étonne Nuria.

Cette scénariste dans une société de production à Barcelone suit avec attention l’actualité française depuis un Erasmus à Toulouse. « Ici, on a dû faire des efforts quand ça n’allait pas. Ça n’a pas été facile mais, aujourd’hui, ça va mieux. On dirait que les Français vivent au-dessus de leurs moyens. C’est comme une famille endettée qui continue à dépenser sans compter », poursuit cette Espagnole qui vote en général à gauche.

Depuis la dissolution, la presse espagnole ne rate aucun épisode de la crise que traverse le pays voisin. « La France a décidé de s’enfermer dans son labyrinthe », écrit La Vanguardia, qui évoque « un pays bloqué et à la dérive ». « C’est une préoccupation pour nous car la France est un pays majeur de l’Union européenne. C’est celui dont on parle le plus dans les journaux », analyse Pablo Del Amo. « La France a toujours été un exemple pour nous, pour le meilleur et pour le pire. Mais en ce moment, c’est surtout pour le pire. »

Les Pays-Bas jugent sévèrement le manque de réformes

Aux Pays-Bas, la démission de François Bayrou suscite moins de surprise qu’une incompréhension grandissante. Les Néerlandais, habitués aux crises politiques, s’étonnent surtout du blocage systématique des réformes en France et de l’absence de compromis.

« Que plus de la moitié des Français ne paie pas l’impôt sur le revenu est difficile à comprendre ici, où presque tout le monde contribue à hauteur de 37 % », observe-t-on à La Haye. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : au début des années 2000, les indicateurs économiques français et néerlandais étaient comparables. Un quart de siècle plus tard, l’écart économique entre les deux pays est abyssal. « Le retard de production de la France, mesuré par le PIB par habitant, dépasse 30 % par rapport aux Pays-Bas », reconnaissait François Bayrou lundi à l’Assemblée.

Pour Marieke Blom, cheffe économiste et directrice mondiale de la recherche chez la banque ING, la crise est aussi politique qu’économique : « Ce qui se passe n’est pas une surprise. Nous ne craignons pas une nouvelle crise de l’euro, mais la difficulté, c’est que les finances publiques françaises font partie d’un ensemble. Dans la zone euro, tout est interconnecté. »

Aux Pays-Bas, la démission de François Bayrou suscite une grande incompréhension. NurPhoto via AFP/Jakub Porzycki
Aux Pays-Bas, la démission de François Bayrou suscite une grande incompréhension. NurPhoto via AFP/Jakub Porzycki

Aux Pays-Bas, l’incapacité de Paris à redresser ses comptes alimente l’idée que « certains travaillent dur pendant que d’autres dépensent sans compter », fragilisant la solidarité européenne, « alors qu’elle est indispensable sur les finances, l’énergie, la défense ou la technologie », insiste l’économiste.

L’argument français selon lequel la pandémie et l’inflation expliqueraient tout ne convainc pas. Tous les pays européens ont traversé les mêmes crises, mais presque tous ont réduit la dette et le déficit. Marieke Blom cite l’Italie, l’Espagne et la Grèce, qui, sous pression, ont su redresser la barre. « La France devra elle aussi prendre ses responsabilités. »

Car l’enjeu dépasse l’Hexagone. Dans une Europe vieillissante, la soutenabilité des retraites et la maîtrise des dépenses publiques conditionnent la crédibilité de l’ensemble de l’Union. « En France, le choix d’allonger la durée de travail est inévitable, même si la société et les politiques préfèrent l’ignorer », conclut la chercheuse. Faute de réformes, Paris prend le risque d’entraîner ses partenaires dans sa chute. Un scénario que personne, à Amsterdam comme à Bruxelles, ne souhaite voir se réaliser.