Éléonore Bernheim escrimeuse et voleuse « Dans de beaux draps » : « Le masque des apparences est un sujet central »

France 2 diffuse dès ce mercredi une comédie sociale mettant en scène une championne d’escrime déclassée qui cambriole ses voisins avec son mari. Pour Le Parisien, l’héroïne de la série, Éléonore Bernheim, a fait un entraînement spécial au Racing Club.

Eléonore Bernheim, qui avait suivi des cours d’escrime au conservatoire, renfile les gants avec un enthousiasme revigorant. Olivier Patrouix-Gracia
Eléonore Bernheim, qui avait suivi des cours d’escrime au conservatoire, renfile les gants avec un enthousiasme revigorant. Olivier Patrouix-Gracia

Sabre à la main et casque sous le bras, Éléonore Bernheim nous attend, tout sourire, dans la salle d’armes du Racing Club de France (Paris VIIe). À l’affiche de « Dans de beaux draps », comédie sociale jubilatoire diffusée à partir de ce mercredi soir sur France 2 (à 21h10), elle campe à la perfection Justine, une ancienne championne d’escrime qui s’est embourgeoisée, tellement terrifiée à l’idée de perdre son statut social qu’elle se met à cambrioler ses voisins, avec l’aide de son mari, joué par Gil Alma, avec qui elle forme un duo décapant. Pour Le Parisien, la comédienne, qui avait suivi des cours d’escrime au conservatoire, a accepté de réenfiler les gants avec un enthousiasme revigorant.

On serait venus quelques jours plus tôt, on aurait peut-être croisé Michel Drucker ou Christian Bale dans les couloirs de cette institution vieille de plus de cent quarante ans, qui viennent davantage pour profiter de la piscine que pour visiter la salle d’armes. « L’escrime est pourtant une de nos sections historiques. On a de grands champions : Jean-François Lamour, Laura Flessel… », rappelle Philippe Baudillon, président du club.

Dans une salle à faire pâlir d’envie son personnage, Éléonore Bernheim écoute attentivement les conseils d’Olivier Patrouix-Gracia, le maître d’armes. « Le pouce toujours au-dessus de la lame, la jambe arrière super fléchie, on allonge le bras, menton relevé. » Quelle élégance !

« Il faut imaginer un sprinteur dans les starting-blocks »

Instinctivement, l’actrice lève le bras gauche à l’horizontal, à la manière d’une mousquetaire provoquée en duel. « C’est visuel, concède le maître d’armes. C’est très utile pour l’image, moins pour la technique. »

Après un rapide rappel, Olivier Patrouix-Gracia entre dans le vif du sujet et propose à son élève de l’attaquer à la tête. « Ah non, ça, je ne le ferai jamais », proteste Éléonore Bernheim avant d’obéir à la consigne — après s’être assurée qu’elle ne risquait pas de blesser son partenaire. « Avec le sabre, c’est très explosif. Il faut imaginer un sprinteur dans les starting-blocks », prévient-il encore.

Pour Éléonore Bernheim, Justine dans la série (ici avec le maître d'armes), la salle d’armes est le miroir des émotions du personnage. Olivier Patrouix Gracia
Pour Éléonore Bernheim, Justine dans la série (ici avec le maître d'armes), la salle d’armes est le miroir des émotions du personnage. Olivier Patrouix Gracia

Ça tombe bien : dans la série, Justine est une bombe à retardement. La salle d’armes est le miroir des émotions du personnage. « Ton corps, c’est ta maison, tu comprends ? hurle Justine au bord de la crise de nerfs face aux dettes qui s’accumulent. Tierce, le mur ! Quarte, la porte ! Quinte, le toit ! Ce putain de toit de ta maison ! Si t’as pas de toit, t’as pas de maison, t’es à la rue ! »

« C’est dommage qu’elle ne veuille pas continuer »

L’héroïne s’apaise une fois que son mari lui assure que, faute d’avoir pu arnaquer l’assurance… Ils vont cambrioler l’assureur. Au cours suivant, elle salue : « Je viens de la terre. Tout au long de ma vie, je m’élève par tout ce que j’apprends, tout ce que je vis, jusqu’à mon dernier souffle qui me ramène à la terre. »

Entre deux fentes, Éléonore Bernheim loue le travail des auteurs de la série : « Au-delà du fait que l’escrime est un sport chic, qui plante tout de suite le personnage, c’est une discipline où on doit obligatoirement porter un masque. Or le masque des apparences est un sujet central. Il y a dans ce sport, comme dans la fiction, quelque chose qui semble léger alors que ça demande une tension permanente, ce qui est précisément l’enjeu de la comédie et du théâtre bourgeois. »

Pour l’héroïne, ce masque joue un double rôle : il la protège, comme son statut social, et l’empêche de respirer.

À la fin de la séance, Olivier Patrouix-Gracia sourit : « Éléonore a une belle amplitude. C’est dommage qu’elle ne veuille pas continuer. » Peut-être une idée à glisser à l’oreille des producteurs de « L’Art du crime », où elle interprète Florence Chassagne, historienne de l’art à l’École du Louvre ?

La note de la rédaction :
4/5
« Dans de beaux draps »,

série française inédite créée par Sarah Tissandier, réalisée par Stéphanie Pillonca (2025), avec Éléonore Bernheim, Gil Alma, Charlie Bruneau, Arié Elmaleh… (Six épisodes de 52 minutes).