France-Islande (2-1) : les Bleus souffrent mais assurent l’essentiel
Réduits à dix en seconde période, les Bleus remportent une victoire assez laborieuse mais précieuse face à l’Islande au Parc des Princes. Malgré un pénalty de Mbappé et un but de Barcola, l’équipe de France a joué à se faire peur.
C’était une soirée d’attentes, ce fut une veillée d’alerte. La victoire est finalement au rendez-vous mais l’ivresse a fait défaut. Au Parc des Princes, l’équipe de France a dicté sa loi à l’Islande sans parvenir à chavirer les cœurs. Un succès acquis dans la douleur au prix d’un combat plus âpre que prévu, d’une partition moins aboutie qu’imaginée.
La qualification pour la Coupe du monde 2026 est déjà bien engagée, mais l’impression laissée, elle, demeure en demi-teinte. On a même joué un remake du sale air de la peur quand Andri Gudjohnsen a cru égaliser en toute fin de partie avant de voir sa réussite invalidée pour une faute préalable.
Les Bleus ont donc peiné à trouver le bon rythme, dominateurs, présents dans les intentions mais gênés aux entournures par un adversaire discipliné, capable de plier sans rompre. Ils ont aussi été desservis par leurs approximations techniques, ces pertes de balles anodines qui, face à une équipe patiente et accrocheuse, deviennent autant de balles de break offertes.
Un pénalty de Mbappé, plein de sang-froid, et un but libérateur de Bradley Barcola sur une passe du même Mbappé auront suffi à assurer l’essentiel, mais le reste a ressemblé à une lutte de chaque instant, une partie d’échecs parfois rugueuse où l’inspiration ne s’est jamais totalement libérée.
Un temps, le spectre d’un revers inattendu a même plané sur le Parc. Quelle est la seule nation à avoir battu l’équipe de France à domicile lors d’un match de qualification pour la Coupe du monde depuis la Bulgarie en 1993 (1-2) ? L’Espagne, le 26 mars 2013 (0-1). Ce souvenir a ressurgi lorsque, contre le cours du jeu, l’Islande a pris les devants. Sur une bourde d’Olise, Andri Gudjohnsen a fait taire les travées d’un but opportuniste et opportun.
Des vibrations par à-coups
L’embellie fut de courte durée : Kylian Mbappé a rétabli l’équilibre dans la foulée, son 52ᵉ but en sélection, qui lui permet de dépasser Thierry Henry et de s’installer un peu plus dans la légende tricolore à cinq longueurs d’Olivier Giroud. Tout un symbole au Parc, là même où le crack de Bondy avait déjà marqué 116 fois en 143 apparitions sous le maillot parisien. L’histoire aime les correspondances.
Cette victoire prolonge la dynamique initiée contre l’Ukraine (2-0) et place la France dans une position idéale avec six points après deux journées, mais elle interroge. Sans Ousmane Dembélé ni Désiré Doué, blessés vendredi et au cœur d’une polémique PSG-sélection qui n’est pas près de s’éteindre, le visage offensif s’est appauvri. Et la France, réduite à dix après l’expulsion logique de Tchouaméni pour un tacle mal maîtrisé, a manqué de variété pour placer l’Islande réellement dans les cordes, réduite à des séquences hachées, des étincelles isolées.
Le Parc, pourtant plein et vibrant pour le retour des Bleus après un an d’absence, a vite compris qu’il n’assisterait pas à un feu d’artifice. L’enthousiasme s’est tassé après la première demi-heure, et même les fulgurances de Mbappé ou les efforts répétés de Thuram n’ont pas suffi à rallumer l’étincelle collective. Le public s’est contenté de vibrer par à-coups, conscient que l’affaire serait une question de patience plus que de spectacle.
Didier Deschamps pourra rappeler qu’une campagne ramassée sur onze semaines n’octroie aucune place à la légèreté : l’essentiel est de gagner, d’engranger, de ne pas se mettre en danger. Mais la prestation laisse un arrière-goût mitigé. On attendait un récital, on a eu un effort appliqué, parfois poussif, comme si le moteur calait au moment de passer la vitesse supérieure.
Dans ce Parc où l’histoire de l’équipe de France a écrit de si belles pages sous la férule de Platini, les Bleus n’ont pas retrouvé l’insouciance des fastes d’antan. La route vers le Mondial 2026 est bien balisée d’autant que l’Ukraine a été accrochée en Azerbaïdjan (1-1), mais ce mardi soir, la marche a paru plus haute qu’espéré. Le temps viendra de retrouver le panache, mais pour l’instant, Deschamps et les siens ont préféré compter les points plutôt que les envolées.


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