« Ici, les gens prennent plus leur temps » : dans la nouvelle vie de Jennifer et Marco, installés au Portugal
Pour échapper au sempiternel « métro-boulot-dodo » parisien, Jennifer, communicante, et son mari Marco, électricien, se sont installés en 2022 avec leur fils non loin de Porto, au Portugal.

Notre série « Dans la nouvelle vie de » recueille la parole d'hommes et de femmes qui ont décidé, un jour, de donner un nouveau cap à leur existence, de changer de métier, de pays... Ils nous expliquent cette envie qui finit par devenir réalité, et racontent leur nouveau bonheur.
Loin du stress de la capitale, Jennifer et Marco ont enfin retrouvé un souffle. Il y a un peu plus de deux ans, le couple a posé ses valises au Portugal, pour échapper au traditionnel « métro-boulot-dodo » de la vie francilienne, et retrouver une vie de famille plus tranquille, à taille humaine. Un changement radical, sur lequel ils n’expriment aucun regret.
Pour Jennifer et Marco, le déclic s’est produit en pleine pandémie de Covid-19. « Tout a basculé à la naissance de notre fils, en février 2020. On a vécu cette naissance d’une façon assez particulière », témoigne Jennifer. Après plusieurs confinements, la vie a repris, petit à petit. Avec son stress, son monde. « L’insécurité, aussi. J’étais dans le Stade de France lors des attentats de 2015, on a côtoyé ça de près », glisse celle qui a toujours vécu en Île-de-France.
« Quand on a repris le boulot, on n’était plus alignés avec le rythme de la vie parisienne », poursuit Jennifer. « Mon mari est électricien, il était itinérant, il mettait deux heures pour aller à Paris, pour faire seulement quelques kilomètres. Moi, le soir, je stressais pour aller chercher mon fils chez la nounou », témoigne-t-elle.
Le couple a alors pensé changer de région, a visité Bordeaux, pensé au Sud, pour retrouver plus de calme… Sans conviction. « On s’est dit qu’on serait peut-être mieux ailleurs », avance Jennifer. Une idée a alors germé : et si les amoureux tentaient le Portugal ? Jennifer est elle-même bilingue, d’origine portugaise. Le couple y disposait déjà d’un logement - un investissement locatif - sur place, et les parents de Jennifer y possèdent un appartement de vacances.
« Le week-end, on va à la plage, on lit… »
Naturellement, la machine s’est mise en marche. Jennifer et Marco ont vendu leur appartement de Cormeilles-en-Parisis en 2022. Et sont partis en direction São João da Madeira, à 1 heure de Porto. Sur place, Marco a relancé son activité d’électricien. Leur fils a trouvé une place en crèche, et s’est vite fait à la vie portugaise. « Il s’est super bien intégré, alors qu’il ne parlait pas du tout portugais, et les assistantes maternelles ont été hyper patientes, hyper bienveillantes, ça nous a rassurés », explique Jennifer.
La mère de famille, elle, a mis un peu plus de temps à se retrouver professionnellement. Après avoir lancé une affaire de press-on nails (des faux ongles sur mesure), la jeune femme a retrouvé un emploi dans la communication. C’est dans ce domaine qu’elle avait fait ses armes à Paris. « Je suis dans une entreprise basée en France, qui a un pôle au Portugal et fait la promotion de marques portugaises. On a énormément d’industries, de petites boîtes, de producteurs qui ne demandent qu’à se faire connaître en France », raconte-t-elle.
Depuis, le quotidien familial s’est métamorphosé. Le fils de Marco et Jennifer parle couramment français et portugais. Marco, lui, maîtrise de bonnes bases de la langue, et a développé son entreprise. Il a même pu embaucher un employé. « On a réellement changé de qualité de vie », assure Jennifer. « On n’est plus du tout dans le métro-boulot-dodo. J’arrive à aller chercher mon fils à 17 heures, alors qu’avant, je le récupérais vers 18 heures, 19 heures. Le week-end, on va à la plage, on lit, mon mari et mon fils vont faire du foot ensemble… Et le Portugal étant un pays très festif, on va avoir des fêtes quasiment toutes les deux semaines. C’est très agréable, des moments très joyeux, et on crée des liens. »
Au Portugal, Marco et Jennifer expérimentent, aussi, une « vraie différence de mentalité ». « À Paris, chacun est dans le boulot, le stress quotidien, ça ne me venait pas à l’esprit de parler avec quelqu’un que je ne connaissais pas. Ici, il y a énormément de bienveillance, surtout vis-à-vis de mon fils. Les papys et mamies s’arrêtent, parlent avec lui. Il y a beaucoup plus de facilité à parler avec les gens, alors qu’à Paris, je ne demandais même pas l’heure à quelqu’un ! »
Des salaires nettement plus bas
Il n’empêche, la famille ne tient pas à trop « idéaliser » le Portugal, destination prisée de ceux qui rêvent de s’expatrier en Europe. « Une des difficultés quand on vient s’y installer, c’est le manque d’informations au niveau des démarches administratives », témoigne Jennifer. « En France, si on a une question, on trouve tout sur le site du gouvernement. Au Portugal, c’est plus compliqué. Il faut se rapprocher des locaux », dit-elle.
Certes le rythme de vie portugais est plus agréable. Mais il implique, aussi, d’accepter ses aléas. « Ici, les gens prennent plus leur temps », confie Jennifer. Exemple : « Si on appelle un plombier, et qu’il me dit qu’il viendra à 8 heures, il ne viendra pas forcément à 8 heures. Il pourra apparaître à 17 heures sans s’excuser, alors que moi, je l’ai attendu toute la journée… »
Autre écueil : la différence du niveau de vie. « Les salaires sont plus bas, mon mari a sa propre entreprise mais sort un smic portugais chaque mois, soit 870 euros brut. Pour les courses, si on va dans les marchés, on arrive quand même à s’en sortir, mais je pense qu’on a quand même un plus faible pouvoir d’achat qu’en France », témoigne Jennifer.
Pour l’instant, la communicante et son époux vivent dans un logement appartenant aux parents de Jennifer. Mais le rêve du couple serait d’investir dans sa propre maison. Problème : le Portugal a la cote chez les expatriés internationaux. Et cela affecte durement le marché immobilier, où les prix montent. « C’est une des raisons pour lesquelles on a du mal à obtenir un crédit pour pouvoir acheter une maison », témoigne Jennifer, qui ne veut pas condamner la présence importante d’« expats » dans le petit pays. « Je suis aussi contente de retrouver des expatriés, avec qui on a beaucoup de points communs. Ça nous a vachement aidés à nous intégrer ici aussi, et on a fondé de vraies amitiés avec certains », assure la trentenaire.
En tout cas, pas question pour Jennifer et Marco, de repartir vivre en France. Leur avenir, assurent-ils, se fera au Portugal. « On a mis beaucoup de temps à construire ce qu’on a ici. Aujourd’hui, nos repères sont ici. Quand on rentre en France, on est super contents de voir nos amis, notre famille », assure la mère de famille. « Mais on ne se voit plus du tout rester là-bas », ajoute-t-elle.






