
Deux internes souffrant de handicap sur trois n’ont pas d’aménagement de leur stage et sur le tiers qui en bénéficie, 37 % ont eu des aménagements partiellement ou pas du tout respectés. Publiée ce jour, la toute première étude de l’InterSyndicale Nationale des Internes (ISNI) pointe du doigt l’absence d’aménagement pour les étudiants souffrant de handicap en médecine.
« C’est une étude inédite en France », souligne Killian L’Helgouarc’h, le président de l’ISNI : « On veut provoquer un électrochoc et dire qu’il faut faire attention aux internes qui vivent avec un handicap, notamment invisible. Il faut tenir compte des aménagements, d’autant plus lorsqu’il s’agit de ceux demandés par la médecine du travail. »
« Je tolère un burn-out, je n’en tolérerai pas deux »
Les aménagements, variables, tiennent compte des pathologies des internes et sont possibles. « Il peut s’agir d’un aménagement du temps de travail par exemple, donc dans des spécialités à garde, pas de garde ou pas de garde complète ou encore de garde de nuit », illustre Killian L’Helgouarc’h. Autrement dit, une garde de week-end de 24 heures peut être amenée à se transformer en une garde de 12 heures.
À ça s’ajoute pour certains internes une pression de leur hiérarchie. « Quand un interne qui souffre de handicap n’a pas d’aménagement respecté sur le temps de travail, on lui répond que ses collègues font bien 59 heures et que lui n’a pas les compétences pour être médecin. Un interne nous rapportait que son chef de service lui avait dit ‘je tolère un burn-out, je n’en tolérerai pas deux. Si ça se reproduit, l’internat de chirurgie est terminé pour toi’. »
En plus des difficultés sur le terrain de stage, la moitié des internes ressent une pression « le conduisant à privilégier ses obligations professionnelles au détriment de sa santé » et 6 internes sur 10 déclarent manquer de temps pour consulter en raison de leur charge de travail.
Des conséquences sur les vocations
La non prise en compte de ces aménagements a des conséquences sur la santé des internes. « Il y en a énormément qui rapportent que ça a un impact sur leur santé mentale », précise le président de l’ISNI. Un tiers des internes a été en arrêt de travail prolongé pendant l’internat, dont 73 % pour burn-out.
Pire encore, certains d’entre eux se persuadent qu’ils ne sont pas adaptés pour le métier. Un constat que dénonce l’intersyndicale. « Ils finissent par croire qu’ils ne sont pas faits pour faire médecine », raconte Killian L’Helgouarc’h qui ajoute : « Il y a 44 spécialités et mille façons d’exercer sa spécialité ! Ce n’est pas possible de dire qu’à cause du handicap, un interne ne sera pas médecin. Cette année, on nous a rapporté le cas d’une interne avec un trouble du spectre autistique à qui on a dit qu’un TDAH était incompatible avec le fait d’être généraliste plus tard. Parce qu’elle ne pourrait pas tenir en libéral ! Mais elle peut exercer autrement, en étant salariée et en aménageant ses horaires. »
Un changement de mentalité qu’espère l’ISNI qui propose des solutions, tant sur les stages que l’accompagnement des étudiants souffrant de handicap. « Beaucoup d’externes avaient des aménagements pendant les externats, ils les perdent lors de l’internat », souligne Killian L’Helgouarc’h. C’est donc que c’est possible.
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