« Je ne me sens pas trompé puisque je le sais » : dans le lit de François, 53 ans, en couple ouvert

François et sa compagne vivent une relation ouverte depuis vingt ans. Une liberté sexuelle qui renforce leur complicité et entretient leur désir mutuel.

François et sa compagne se sont fixés des règles : les rendez-vous ne se font pas en cachette mais la confidentialité est de mise. Sophie Bouxom pour Le Parisien
François et sa compagne se sont fixés des règles : les rendez-vous ne se font pas en cachette mais la confidentialité est de mise. Sophie Bouxom pour Le Parisien

« Je ne me sens pas trompé puisque je le sais ! » François déteste le mensonge. Surtout avec sa compagne. C’est pour cela qu’il ne l’a jamais demandée en mariage. « Se promettre fidélité tout au long de notre vie m’a toujours paru être un vœu pieux ». Depuis vingt ans et leur rencontre lors de vacances au bord de la Méditerranée, l’homme de 53 ans dénombre cinq autres partenaires que son amoureuse. « Trois avec elle et deux tout seul », précise-t-il.

Les parents de deux ados semblent avoir découvert le couple libre avant l’heure. « Je déteste ce terme car cela signifierait qu’on est enfermés si on choisit l’exclusivité. Je pense plutôt qu’on a mis nos vies en adéquation avec nos envies. »

Lorsqu’ils se rencontrent, les deux jeunes trentenaires filent le parfait amour à toute allure. Fusionnels, ils habitent rapidement ensemble et leur premier enfant arrive moins de deux ans après. « On est parents, meilleurs amis et amants en même temps, c’est génial », se souvient François en évoquant « une vie douce et sans heurts » grâce, selon lui, « à beaucoup de complicité et une grande franchise ».

« On a toujours été curieux, capable d’évoquer nos désirs et nos fantasmes »

Une liberté de parole qui comprend leur vie sexuelle. « On a toujours été curieux, capable d’évoquer nos désirs et nos fantasmes, reprend-il. On teste plein de choses, c’est très épanouissant, même si la sexualité n’est pas le moteur n° 1 de notre relation. »

Un soir, un couple d’amis leur confie leurs expériences libertines. Une conversation qui les interpelle. « On en a beaucoup parlé et on a franchi le pas un soir durant des vacances (encore !) dans un club où on ne connaissait personne. »

Des premiers pas « timides » qui les encouragent à poursuivre l’exploration. « En trois ans, on a cinq ou six expériences différentes, toujours dans des boîtes, narre François. On a des relations avec d’autres couples sans être gênés. On prend du plaisir et tout est parfaitement conscient et acceptés chacun de notre côté. »

François et sa compagne referment toutefois la parenthèse. « Les gens qu’on y croise, les lieux pas toujours très élégants et l’ambiance un peu poisseuse ne nous attirent plus vraiment. On nous propose des soirées privées qui ne nous tentent pas. On n’a pas envie d’amis avec lesquels coucher. Juste d’aventures sensuelles fugaces à plusieurs sans aucune attente. »



La question de l’exclusivité revient toutefois rapidement dans leurs échanges. « Un soir, ma chérie me dit qu’elle est draguée par un collègue de bureau et que cela lui plaît. Cela me surprend mais sans m’agacer. Ça a permis d’engager une vraie conversation. »

Chacun de leur côté, ils confient être parfois émoustillés. Voire tentés. « On a évacué la question de la jalousie pour se concentrer sur ce qui nous plaît là-dedans : le fait de séduire et d’être séduits, de se projeter dans la découverte d’un autre corps, d’une nouvelle histoire. Surtout, on se redit comme on est heureux ensemble, que notre couple et notre famille sont le plus importants. Ces aventures ne doivent surtout pas les remettre en question. »

« Je lui ai juste demandé si elle avait passé une bonne soirée »

Les amoureux se fixent donc des règles. Les rendez-vous ne se font pas en cachette mais la confidentialité est de mise. « L’idée n’est pas de se raconter ce qu’on fait avec un ou une autre. Juste de se l’autoriser tant que ça n’a pas d’impact émotionnel ou d’incidence sur notre relation et notre vie de famille ».

Lorsque sa compagne rentre du premier rendez-vous avec son collègue, elle retrouve François dans leur lit. « Je lui ai juste demandé si elle avait passé une bonne soirée, elle m’a dit que oui et on s’est endormi dans les bras l’un de l’autre. »

Une simplicité qui ne le surprend pas. « Je ne suis pas d’un naturel jaloux, mais pour le ressentir aussi, je comprends qu’on puisse avoir envie, voire besoin, d’autres relations au bout de tant d’années ensemble. C’est plus sain d’en parler et l’accepter que de vivre dans le mensonge et les faux-semblants. Je comprends que cela ne corresponde pas à tout le monde, mais pour nous, c’est une question d’équilibre. »



Avec un accord mutuel, ils se sont chacun créé des profils sur un site de rencontres adultérines. « Au moins, on joue franc-jeu, c’est plus simple. » Lui y a fait deux rencontres en l’espace de trois ans. Des femmes qu’il a vues à plusieurs reprises. Chez elles ou à l’hôtel.

« Le contrat est très clair entre nous. L’une est mariée, l’autre célibataire et souhaite des relations sans engagement. Il y a un rapport de séduction mais avec une limite claire. C’est circonscrit à du sexe, on n’en attend rien d’autre. Je retrouve le délicieux plaisir de coucher avec quelqu’un pour la première fois : la découverte de la peau, de l’odeur, de sensations nouvelles. Ces femmes sont très différentes de ma compagne. Et de les voir renforce en quelque sorte mon lien avec elle. Lorsque je la revois, je la trouve encore plus belle et désirable. Ces relations sont à la fois épanouissantes en elle-même et enrichissante pour ma vie conjugale. »

« La règle est de toujours rentrer dormir »

François reconnaît toutefois que leur façon de vivre une sexualité hors de leur couple est déséquilibrée. « Elle a beaucoup plus de succès que moi », sourit-il. Depuis plus d’un an, il n’a pas fait de rencontres.

Sa compagne de son côté, entretient des relations irrégulières avec deux amants. « Elle me dit juste qu’elle ne sera pas là le soir mais la règle est de toujours rentrer dormir, donc je la vois en rentrant. Parfois on fait l’amour et je ne sais pas si elle a couché avec un autre homme dans la soirée. On laisse un mystère qui fait aussi partie de l’excitation ».

Et d’ajouter : « Si on n’avait pas ce mode de fonctionnement, notre vie intime serait nettement moins riche. Peut-être même inexistante comme beaucoup de couples autour de nous. Notre choix d’ouvrir nos champs des possibles nous permet d’entretenir le désir qu’on ressent l’un pour l’autre. »