« J’essaie de faire abstraction de mon désir » : dans le lit de Caro, qui ne fait plus l’amour avec son compagnon
Huit ans après leur rencontre, la quadragénaire et le père de leur fille vivent toujours ensemble mais leur sexualité est au point mort.

« Frustrante ! » Caro pose un regard un brin désespéré sur sa vie sexuelle. En couple depuis huit ans avec le père de sa fille, elle regrette que leur vie intime s’écrive depuis longtemps en pointillé. Sans espoir de retour en grâce. « Notre couple est clairement sur la fin, mais nous formons une famille unie et je n’ai pas envie de gâcher cela, glisse cette femme de 48 ans. Nous passons encore de bons moments ensemble, mais pas au lit. Le nôtre ne nous sert qu’à dormir… »
Ils étaient pourtant partis sur des bases autrement torrides. « C’était à l’anniversaire d’un copain en commun. On s’était déjà vus deux ou trois fois sans trop se parler. Ce soir-là, il fait des cocktails dans la cuisine et il me sert la meilleure margarita de ma vie. Je tombe immédiatement sous le charme, peut-être un peu aidée par l’alcool (rires). »
Après s’être « roulé des pelles comme des ados », le duo prend la direction de l’appartement de Caro. « Avant de partir, on se tripote dans l’escalier. C’est très très chaud. On finit quasiment à poil. En arrivant chez moi, on se jette l’un sur l’autre. Après pas mal de temps sans baiser, je suis très excitée et très entreprenante. Il est un peu soufflé par mon enthousiasme. »
« On fait beaucoup, beaucoup l’amour au début, c’est génial »
L’histoire se répète pendant des semaines. « On fait beaucoup, beaucoup l’amour au début, quels que soient l’heure et le lieu, c’est génial, se souvient Caro. À l’époque, je croule sous le boulot dans une start-up qui marche fort, j’ai des journées de quinze heures, mais je reste toujours pleine d’énergie pour le sexe en rentrant. Je n’ai jamais connu cela. Une vraie période dorée. »
Au bout de plusieurs mois, elle s’installe chez son amoureux et ils évoquent rapidement l’idée d’avoir un enfant. « Un projet que j’ai depuis longtemps et, là, je sais qu’il ne faut plus tarder. »
Mais le quotidien rattrape vite le couple dont la relation s’étiole. « Il a un nouveau gros job avec beaucoup de pression. Il est à la fois crevé et irascible. On se chamaille souvent, on commence à s’éloigner. Ça a une incidence directe sur notre vie sexuelle qui est déjà devenue nettement moins assidue. »
« Pendant ma convalescence, j’ai presque mauvaise conscience de lui imposer une vie sans sexe »
Un grave accident de vélo lui impose des semaines d’hospitalisation et une longue convalescence au lit, puis en fauteuil roulant et enfin en béquilles. « Le fait de devenir dépendante de lui n’arrange pas mon sex-appeal. De toute façon, je ne peux pas faire grand-chose et je n’en ai pas non plus envie. Pendant six mois, on ne se touche pas. Mais à ce moment-là, je lui en suis reconnaissante et j’ai presque mauvaise conscience de lui imposer une vie sans sexe. »
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— Le Parisien (@le_Parisien) June 17, 2025
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Sa libido revient avec sa guérison. Moins d’un an après son accident, elle tombe enceinte. Une nouvelle qui les rend « follement heureux », mais qui a une incidence directe sur leur vie sexuelle. « À part quelques semaines au milieu de ma grossesse, je n’éprouve aucune envie, confie-t-elle. Encore une fois, je culpabilise un peu par rapport à lui, mais nous sommes totalement focalisés sur l’arrivée du bébé. Et lui ne se plaint jamais, comme si ce n’était pas un sujet alors que c’est un peu l’éléphant au milieu de la pièce. »
Leur fille naît en janvier. « Un bonheur absolu. » Les nuits sont courtes, les journées de travail toujours intenses et les crispations surviennent. « On s’engueule pas mal. Cela impacte notre vie intime. On a de moins en moins de relations. C’est un peu triste, mais comme tout tourne autour de notre fille, ce n’est pas si pesant. En tout cas, on n’en parle jamais. »
Caro constate que « c’est un peu pareil chez tous les jeunes parents » et se désintéresse peu à peu de la question, jusqu’au jour où elle croise par hasard un ancien amant dans une soirée. « Il est beau, gentil et me drague avec l’air de ne pas y toucher. C’est super charmant. J’ai senti comme une boule de feu dans le bas-ventre. J’avais oublié cette sensation soudaine de désir. Quand je rentre le soir chez moi, mon mec est sur le canapé et j’ai très envie de baiser. Je le chauffe, un peu ivre. Il me repousse assez fermement en me disant que lui n’a pas envie. »
« Nous sommes des parents et des colocataires »
Caro en reparle le lendemain et écoute, estomaquée, son compagnon lui confier son manque d’intérêt pour la sexualité. « Il me dit qu’une page est tournée, sans plus d’explication claire. Je lui demande s’il a quelqu’un d’autre mais il me dit que non. De mon côté, je lui dis ma frustration, mon envie de retrouver une vie intime heureuse. Ça ne paraît pas abuser de réclamer le droit de jouir. Il n’a aucune réaction. »
Depuis cet échange il y a deux ans, le couple n’a plus fait l’amour. « C’est devenu un non-sujet. Nos contacts intimes se résument à un baiser du bout des lèvres de temps en temps. Nous sommes des parents et des colocataires. Nous vivons ensemble pour notre fille, et aussi pour des raisons pratiques et financières, car on a acheté un appart ensemble. Ce n’est pas désagréable, mais j’attends juste que notre fille soit assez grande pour partir et demander une garde partagée. »
Au quotidien, leur relation est « cordiale » et il n’y a « presque plus de gêne » à se coucher chacun d’un côté du lit sans geste de tendresse. Des contacts charnels qui manquent cependant à Caro. « J’essaie de faire abstraction de mon désir, mais il se rappelle tout de même à moi de temps en temps, glisse-t-elle. Dans ce cas-là, je m’isole dans la salle de bains avec un sex-toy. Je sais qu’en quelques minutes, je serai satisfaite. Je préférerais que ce soit dans mon lit, mais je ne peux pas le faire quand il est là. »
Elle profite aussi des sorties en solo ou des absences professionnelles pour croiser deux amants réguliers. « Je vois de temps en temps le fameux ex qui m’avait chauffé le ventre (sourires). Il y a aussi un autre qui est lui-même marié. Avec eux, j’ai des petits moments de plaisir. C’est rare et toujours un peu rapide, car je n’ai jamais le temps ni le lieu pour davantage. Mais ça me fait du bien de toucher un homme et de retrouver le plaisir du sexe. J’adorerais que cela dure une nuit… Faire l’amour longtemps dans un lit confortable, ce serait le pied. »






