« La situation ne fait qu’empirer » : le plan d’attaque contre la délinquance près de la gare RER de Villiers-sur-Marne

Face à la recrudescence de tensions liées à la présence de vendeurs à la sauvette notamment, le maire Jacques-Alain Bénisti (LR) en appelle aux autorités pour obtenir des moyens. En parallèle, la police municipale doit être renforcée.

Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne), le 3 septembre 2025. Vente à la sauvette de cigarettes de contrebande, personnes avinées... Les abords de la gare RER semblent de moins en moins sûrs. LP/Sylvain Deleuze
Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne), le 3 septembre 2025. Vente à la sauvette de cigarettes de contrebande, personnes avinées... Les abords de la gare RER semblent de moins en moins sûrs. LP/Sylvain Deleuze

Aux grands maux, les grands remèdes. Face à l’explosion des vendeurs à la sauvette et des nombreuses tensions qui en découlent aux abords de la gare de Villiers-sur-Marne, le maire Jacques-Alain Bénisti (LR) ne cache plus son exaspération. « La situation ne fait qu’empirer, constate l’élu, joint par téléphone. La situation s’est dégradée voici six, sept mois. »

Alors le mois dernier, il a pris sa plume pour saisir la préfecture et le procureur de la République de Créteil afin de faire part de son désarroi et demander des mesures.

Pour sa part, le premier magistrat a pris un arrêté dès le 26 août pour interdire la vente à la sauvette, notamment « aux abords de la gare du RER E du centre-ville Villiers-sur-Marne - Le Plessis-Trévise ». Outre l’amende, « le non-respect de ces dispositions entraînera la saisie et la confiscation des marchandises de même que celles entreposées à proximité immédiate du lieu de vente ».

« Les rixes entre bandes de revendeurs se multiplient »

Ce dispositif complète un autre arrêté obligeant les épiceries de nuit à fermer à 23 heures avec l’interdiction de vendre de l’alcool dès 20 heures. « La forte alcoolisation de certains n’arrange pas les choses », glisse un proche du dossier.

La violente agression entre vendeurs à la sauvette survenue le 4 août en milieu de soirée à la gare, en plein centre-ville, a été le déclencheur. « Les rixes entre bandes de revendeurs se multiplient, note l’édile. Sans oublier les revendeurs de drogues, les nombreuses personnes alcoolisées très présentes. Tout cela crée un véritable sentiment d’insécurité. Ils traînent jusqu’à 2 heures du matin, parfois trois heures. » L’agression d’un agent de la SNCF, une semaine plus tard, n’a pas arrangé la situation.

Dans son courrier, Jacques-Alain Bénisti ajoute : « Nous sommes face à une organisation criminelle et mafieuse de trafic de grande ampleur manifestement organisée depuis la gare du Nord. »

Et de réclamer en conséquence une mesure assez rare : la création d’un groupe local de traitement de la délinquance (GLTD). Pour appuyer son propos, il prend exemple du travail mené par l’ancien procureur Stéphane Hardouin, qui « avait lancé l’idée d’un GLTD spécifique à la ligne 15 », en mai 2024. Le magistrat avait mis en place ce dispositif, saisi par des maires du secteur, pour anticiper l’ouverture de la ligne 14 quelques semaines plus tôt.

Bientôt des patrouilles tous les soirs

Mais aussi une justice plus ferme : « Faute d’une réponse pénale adaptée, ces individus sont constamment relâchés et reviennent sur les lieux de leur méfait », déplore le maire dans son courrier, considérant que cela génère « chez eux un sentiment d’impunité ».

Pour tenter d’enrayer la situation, le maire de Villiers a lancé une nouvelle campagne de recrutement au sein de la police municipale afin de mettre en place des patrouilles tous les soirs. Actuellement, les agents municipaux interviennent en moyenne une soirée par semaine.



« Nous allons passer de 13 à 19 agents, ce qui poussera les effectifs à une trentaine de fonctionnaires », comptabilise le maire. Non sans réclamer des renforts, dans les rangs de la police nationale. « La circonscription compte autant de policiers que lors de mon premier mandat. C’était il y a près de trente ans. La population a fortement crû. »

Son opposant Frédéric Massot, candidat aux prochaines municipales, a confirmé dans une vidéo publiée le mois dernier sur les réseaux sociaux, la nécessité de « ramener la tranquillité publique » dans ce secteur. « Notre objectif, si nous sommes élus, est d’avoir durant tout le mandat une politique de tranquillité publique qui rassure les habitants », a-t-il annoncé. Comment ? Par « une présence constante près de la gare » ou encore « une meilleure coordination des services de sécurité », a-t-il indiqué.

Des usagers sur le qui-vive

Sollicitée par Le Parisien, la préfecture confirme avoir « pris connaissance des problématiques de sécurité rencontrées autour de la gare de Villiers-sur-Marne. Les échanges sont constants entre le maire de Villiers-sur-Marne, le commissariat de Chennevières, compétent sur le secteur de la ville, et les services préfectoraux, notamment par l’entremise du sous-préfet de Nogent-sur-Marne ».

Quant à la mise en place d’un GLTD, le parquet de Créteil est « seul compétent pour décider de la création de ce dispositif », comme l’indique la préfecture. « Cette demande est à l’étude », confirme le parquet de Créteil. Le dossier se trouve très certainement sur le bureau du nouveau procureur Damien Savarzeix, arrivé le 1er septembre, alors que le poste est resté vacant six mois.

En attendant, sur place, les usagers de la gare s’adaptent comme Chloé, 20 ans qui préfère descendre à la gare de Noisy-le-Grand Mont d’Est (Seine-Saint-Denis) dès 20 heures passées : « Je me sens moins en insécurité. » « C’était l’inverse avant », déplore Lilian, son compagnon.

« Après 18 heures, beaucoup d’hommes traînent, boivent, se défoncent », constate Luna qui se fait discrète à son arrêt de bus. À quelques mètres de là, un homme roule un joint, les yeux injectés de sang. « Ça picole beaucoup », confirme Pascal, aux aguets. Avant de lâcher, plutôt philosophe : « Ça ressemble à beaucoup de gares ! »