L’anesthésiste Frédéric Péchier se dit « pas responsable de la détresse » des victimes à quelques heures de son procès

Il est jugé jusqu’au 19 décembre. Il est mis en cause pour l’empoisonnement de trente personnes, dont douze mortels, sur des personnes dont l’âge va de 4 ans à 80 ans.

L’anesthésiste Frédéric Péchier, jugé à partir de ce lundi à Besançon (Doubs) pour trente empoisonnements de patients, dont 12 mortels, ne se sent « pas responsable » de la détresse des victimes. Il a des « arguments forts » à faire valoir pour défendre son innocence, affirme-t-il sur RTL.

« J’appréhende ces trois mois et demi » de procès. Mais « j’ai quand même des arguments forts et donc je n’y vais pas en reculant », déclare l’accusé avant l’ouverture des débats. Interrogé sur la souffrance des familles qui viendront assister aux débats, le médecin a répondu « la comprendre tout à fait ». « Mais d’un autre côté, je ne suis pas responsable de leur détresse. »

« La concomitance trouble, oui », précise le médecin de 53 ans. Mais « sur les 32 cas, il n’y a pas de preuve d’empoisonnement », ajoute-t-il. « Des arrêts cardiaques, il y en a eu aussi après mon départ. Sur l’ensemble des dossiers on n’a retenu que ceux où je suis nommé. Le problème, c’est la sélection. Qu’est-ce qu’on a fait des autres cas ? On ne les a pas retenus, parce que dedans, il n’y avait pas Péchier. »

Sur sa vie actuelle, Frédéric Péchier dit ne pas voir ses enfants. Mais « ils seront là le premier jour du procès ». Il a son « ex-femme au téléphone tous les jours », en revanche. Quant à la suite, il ne « voit pas cette vie en prison ». « Ça me fait peur. » Il ne peut pas se « projeter ». « Je ne sais pas si je pourrais exercer un jour. Un jour après l’autre. »

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150 parties civiles et une cinquantaine d’avocats

Le Dr Péchier est soupçonné d’avoir pollué les poches de perfusion de malades pris en charge par ses collègues pour provoquer des arrêts cardiaques, avant d’aider souvent à les réanimer. Dans cette affaire « sans équivalent dans les annales judiciaires françaises », l’ex-anesthésiste est soupçonné « d’avoir empoisonné des patients en bonne santé, pour nuire à des collègues avec lesquels il était en conflit » et démontrer ensuite ses qualités de réanimateur, avait relevé l’ancien procureur de la République de Besançon, Etienne Manteaux.

En chemise bleue, visiblement stressé et ému, l’ancien anesthésiste-réanimateur a fait son entrée au Palais de justice accueilli par quelques proches, dont une personne qui a lancé « Allez Frédo ». Il va faire face à plus de 150 parties civiles, défendues par une cinquantaine d’avocats.

À partir de ce lundi et pour deux semaines, la cour se penche sur les cas les plus récents, ceux qui ont éveillé les soupçons des enquêteurs et abouti à la mise en examen de l’anesthésiste en mars 2017. Sandra Simard, 36 ans en janvier 2017, a fait un arrêt cardiaque auquel elle a survécu au cours d’une opération à la clinique Saint-Vincent. Une dose potentiellement létale de potassium avait été découverte dans une poche de soluté utilisée pour son anesthésie. Jean-Claude Gandon, 70 ans à l’époque, est, lui, la dernière victime connue de la série d’empoisonnements. Seul parmi les trente victimes à avoir été anesthésié directement par Frédéric Péchier, il a aussi pu être réanimé. Ensuite, au fil des semaines, seront examinés chacun des empoisonnements reprochés au médecin, en commençant par les plus anciens.