« Le talent du conteur et la légitimité du scientifique » : Christophe Galfard, vulgarisateur en chef
Dans un nouveau livre fleuve, le physicien star retrace l’histoire du vivant, des origines de la Terre à l’exploration spatiale. Le credo de cet ancien élève de Stephen Hawking, également à l’antenne de France Inter chaque semaine : rendre le savoir accessible à tous.

« Ma belle-mère ne rate aucune de vos conférences. » Tous les scientifiques n’ont pas le privilège de voir leur repas au restaurant interrompu par des admirateurs. Mais les voisins de table de Christophe Galfard ont passé « tout l’été » à écouter ses podcasts et l’ont naturellement reconnu à sa voix. Comme eux, les auditeurs de France Inter se sont, chaque matin des grandes vacances (en semaine), laissé bercer par les chroniques de ce physicien sur les sciences du vivant, brèves invitations au rêve dans une actualité morose.
Un avant-goût. Car, avec la rentrée, les amuse-gueules cèdent la place au plat de résistance : un gros livre (560 pages) débarque en librairie, avec pour ambition de nous raconter toute l’histoire, celle de la vie. Dans « la Vie à portée de main » (Éd. Albin Michel), on s’immerge dans l’enfer qu’était autrefois la Terre, on rencontre nos lointains ancêtres monocellulaires, on voyage loin, dans le temps et l’infiniment petit…

À ceux, fascinés par l’astéroïde qui a décimé les dinosaures, Christophe Galfard propose de vivre au plus près l’impact et on se surprend, à la lecture, à ressentir le danger. Plongée ensuite dans la cellule, cette « usine » sophistiquée, avant de s’envoler pour l’espace, où la vie se fait discrète — pour l’instant.
La suite d’un best-seller
Le grand roman initiatique du monde s’interrompt parfois pour laisser la place aux petites histoires, celles de ces chercheurs aux destins contrariés, ces pionnières qui n’ont pas eu la reconnaissance qu’elles méritaient, ces défricheurs de la jungle et du savoir. Miracles de la nature, miracles de la science, ou comme le glisse l’auteur : « Aucune personne sensée n’a jamais fait de découverte révolutionnaire. »
Vulgariser sans commettre d’approximation n’est pas une mince affaire. Christophe Galfard estime avoir beaucoup appris auprès de Stephen Hawking dont il a été l’élève à Cambridge (Royaume-Uni) et dont il a écrit les discours et les conférences grand public. Mais son instinct de « passeur » lui viendrait de plus loin encore : « À 14 ans, sur la plage, j’expliquais aux gens ce que je comprenais de l’univers. »
« Il a l’enthousiasme et le talent du conteur et la légitimité du scientifique. C’est rare d’avoir les deux », loue Gilles Haéri, le directeur général des éditions Albin Michel. C’est à ses côtés que le physicien avait dévoilé l’étendue de son art, il y a dix ans chez Flammarion, avec un premier ouvrage fleuve, « L’Univers à portée de main ». Des traductions dans plus d’une vingtaine de langues et un million d’exemplaires vendus plus tard, un diptyque prend forme.
« Un gros travail d’enquête »
À ceci près que l’ancien chercheur, qui ne se consacre désormais plus qu’à l’écriture et à la diffusion des connaissances, est sorti, pour cette suite, de son champ de compétence initial. « Il y a eu un gros travail d’enquête, de documentation, de lecture… », affirme Gilles Haéri. Christophe Galfard confie qu’il a passé énormément de temps à élaguer cette matière et la rendre intelligible. Dix ans donc.
Mais comment un spécialiste du Big Bang et des trous noirs s’est-il piqué de biologie ? « Quand j’étais en thèse, je suis allé regarder un petit peu ce qui se tramait dans les départements de biologie, et c’est là où je suis tombé sur un livre qui m’a complètement captivé. » L’introduction expliquait qu’en quelques décennies, l’humanité avait multiplié les supports pour stocker l’information (vinyles, cassettes, CD…) et que le vivant utilise le même code depuis quatre milliards d’années pour tous les organismes : l’ADN. « Je me suis dit que le grand public devait avoir accès à ce savoir-là. »
Il en a fait son credo : « On va penser qu’il nous manque les bases, qu’on a toujours été nul dans une matière à l’école, qu’on n’a pas le cerveau fait pour… Je ne crois pas deux secondes à ça. La science est accessible absolument à tout le monde et moi, j’essaie d’offrir cet accès. C’est très important, politiquement, qu’une société soit confiante dans sa capacité de comprendre les choses. » Une idée qui s’incarne aussi, depuis la rentrée, dans une émission de radio hebdomadaire sur France Inter (« Big Bang », chaque samedi à 11 heures).

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