Les carreaux de Gironde, un savoir-faire en danger faute de main-d’œuvre

La tuilerie artisanale Storme-Pruvost qui fabrique carreaux de Gironde et briquettes depuis 350 ans, peine à recruter pour ce métier en voie d’extinction.

Il faut environ deux semaines à un carreau de Gironde, pour sortir de l’atelier, entre «la préparation de la terre, le trempage, la cuisson et le temps de séchage qui dépend de la saison et de la météo», explique un des deux cogérants. PHOTOPQR/Sud-Ouest/Elsa Lussin
Il faut environ deux semaines à un carreau de Gironde, pour sortir de l’atelier, entre «la préparation de la terre, le trempage, la cuisson et le temps de séchage qui dépend de la saison et de la météo», explique un des deux cogérants. PHOTOPQR/Sud-Ouest/Elsa Lussin

Le phare de Cordouan, le château Lafite Rothschild, le pont de pierre de Bordeaux… Leurs briquettes sont de tous les monuments de la région. Et pour cause, la tuilerie Storme-Pruvost est l’une des deux dernières à fabriquer artisanalement briquettes et carreaux de Gironde d’après un savoir-faire séculaire « transmis depuis trois siècles et demi », rappelle l’un des deux cogérants de l’entreprise familiale basée à Gironde-sur-Dropt.

Ils font ainsi partie des derniers tuiliers de la vallée du Dropt qui comptait une cinquantaine de tuileries il y a 60 ans. « À chaque lopin de terre s’ouvrait une tuilerie au bord du Dropt qui était navigable », se souviennent-ils.

Mais le métier, « usant et physique » n’attire plus. À tel point que Jean-Marie Pruvost et Dominique Storme, malgré leurs trois salariés, peinent à répondre à la demande.

« On va devoir songer à réduire la cadence »

« Il faudrait au moins un ou deux employés supplémentaires pour me laisser partir à la retraite, sans cela on va devoir songer à réduire la cadence », glisse l’un d’eux, âgé de 68 ans.

Il faut environ deux semaines à un carreau de Gironde, pour sortir de l’atelier, entre « la préparation de la terre, le trempage, la cuisson et le temps de séchage qui dépend de la saison et de la météo », énumère le tuilier émérite, déterminé à transmettre son savoir-faire à des novices.

« Puisqu’il n’existe pas de diplôme de tuilier au Centre de formation des apprentis (CFA), on formera, en douceur et durant six mois, des jeunes motivés qui n’aiment pas l’école par exemple ! », assurent les anciens. Qui nourrissent un objectif commun qui leur est cher : « que ce métier du patrimoine ne disparaisse pas. »