Manche : trois migrants dont deux mineurs sont morts en tentant la traversée au large de Sangatte

Trois migrants sont morts dans la nuit de mardi à ce mercredi lors d’une tentative de traversée clandestine de la Manche, et trois personnes sont portées disparues après un autre accident maritime, a déclaré mercredi le préfet du Pas-de-Calais.

Parmi les trois morts figurent deux mineurs, a précisé le préfet Laurent Touvet lors d’un point presse au port de Boulogne-sur-Mer. Ce drame s’est produit au large de Sangatte, près de Calais.

Trois autres migrants ont disparu en mer lors d’une autre tentative de traversée près de Neufchâtel-Hardelot, plus au sud. « Une personne a pu être réanimée par les gendarmes alors qu’elle était en train de se noyer », a encore indiqué le préfet.

Cela porte à au moins 23 le nombre de décès survenus lors de telles tentatives depuis le début de l’année, selon un comptage de l’AFP à partir de données officielles.

Nombreux petits bateaux en péril

Mardi, une femme migrante a été déclarée décédée à l’issue d’une tentative de traversée, selon la police du Kent (sud-est de l’Angleterre). En réponse au signalement de nombreux petits bateaux dont certains en péril, l’Agence maritime et des garde-côtes a envoyé des navires de la Force frontalière britannique et des canots de sauvetage de la Royal National Lifeboat Institution. La femme, trouvée en arrêt cardiorespiratoire, a été héliportée jusqu’à la côte, où son décès n’a pu qu’être constaté.

Selon les médias britanniques, plus de 500 personnes auraient tenté la traversée pour la seule journée de mardi. Ces traversées très périlleuses se font sur des embarcations de fortune de quelques mètres de long surnommées « small boats », souvent surchargées et à bord desquelles beaucoup de passagers, qui paient leur passage à prix d’or, n’ont pas de gilet de sauvetage alors qu’ils ne savent pas nager. Le canot qui transportait la femme a connu une « déflation catastrophique » à 16 km au large de la côte de Douvres.

Plus de 30 000 personnes sont arrivées sur les côtes anglaises depuis début janvier selon le ministère de l’Intérieur britannique, un chiffre record à ce stade de l’année, qui alimente la contestation anti-immigration en Grande-Bretagne, portée par l’extrême droite. La seule journée de samedi a vu 17 embarcations et plus de 1 000 migrants réussir la traversée, toujours selon les autorités britanniques.

Depuis son élection en juillet 2024, le gouvernement du travailliste Keir Starmer a multiplié les initiatives pour tenter de limiter les arrivées au Royaume-Uni, mais il peine à endiguer le phénomène. S’il a d’abord donné la priorité à la lutte contre les gangs de passeurs, il a, sous la pression, revu sa politique. Sa nouvelle ministre de l’Intérieur Shabana Mahmood, nommée vendredi, a promis que des expulsions de migrants vers la France, prévues dans le cadre d’un accord bilatéral entré en vigueur en août et censé avoir un effet dissuasif sur les traversées clandestines, débuteraient « de manière imminente ».

Cet accord prévoit que pour chaque migrant renvoyé par le Royaume-Uni en France, une autre personne ayant de solides raisons de demander l’asile en Grande-Bretagne soit autorisée à rester. Shabana Mahmood a aussi annoncé mardi la baisse ou la suspension des visas pour les pays qui n’acceptent pas le retour de leurs ressortissants.