Miss France : qui est Hubert Guérin, auteur du livre qui révèle les agressions sexuelles de candidates ?

Le jeune homme de 27 ans a sorti ce lundi l’ouvrage « Miss France, du rêve à la réalité », un ouvrage dont un passage révèle des agressions sexuelles subies par des reines de beauté. Mais deux Miss France citées par lui déclarent ne pas l’avoir rencontré.

Hubert Guérin est l’auteur de « Miss France, du rêve à la réalité » Maxppp/Nicolas Liponne
Hubert Guérin est l’auteur de « Miss France, du rêve à la réalité » Maxppp/Nicolas Liponne

Il est l’homme qui affole la planète Miss France. Ce sont onze lignes, en 492 pages pas toujours fluides. Huit phrases, pas une de plus, mais terribles : « Moi Miss France, j’ai été victime de viols pendant mon année », et d’autres témoignages de violences sexuelles, venues d’une ou plusieurs candidates, gardant l’anonymat. Hubert Guérin, 27 ans, l’auteur de « Miss France, du rêve à la réalité » -aux éditions Vérone, un petit éditeur indépendant-, une histoire du concours depuis ses débuts, n’est pas un enquêteur. Lui-même le reconnaît : il est, d’abord, un fan. Depuis tout petit.

À 12 ou 13 ans, il écrit à Geneviève de Fontenay. Il voudrait un autographe, une photo. Sur sa lancée, il s’enhardit : « Je lui ai demandé de déjeuner avec moi, en lui précisant que je n’avais pas les moyens de l’inviter. Elle a dit oui ». Ils se retrouvent aux Trois Obus, la cantine de la dame au chapeau près du Parc de Princes (Paris XVIe). C’est un gamin : « Il y a eu un coup de foudre amical complètement inattendu, lance-t-il. J’ai travaillé pour elle bénévolement à partir de 14 ou 15 ans, d’abord en postant pour elle sur ses réseaux sociaux. Elle n’y connaissait rien techniquement mais ça l’intéressait ».

Prof d’histoire géo

Contrairement à ce qu’il déclare parfois, de manière un peu approximative, le jeune homme n’a pas travaillé pour le concours Miss France. Madame de Fontenay a claqué la porte de la société Miss France en 2010, quand il avait 12 ans. « Mais j’ai fait sa dernière tournée régionale quand elle a créé son élection de Miss Prestige National », précise-t-il. Un vrai lien les unit dans les dernières années esseulées de la vieille dame, dont il est devenu l’ultime attaché de presse.

La douairière des Miss disparaît à l’été 2023. À ce moment-là, lui se trouve en hôpital psychiatrique, pendant un mois et demi, à sa demande, à la suite d’une grave dépression, comme il le relate longuement à l’époque sur son compte Instagram : « Ce ne me gêne pas d’en parler, au contraire. La clinique m’a sauvé la vie. Il faut se faire aider ».

Ce jeune prof d’histoire géo contractuel, doté d’une licence d’Histoire, qui enseigne d’un lycée professionnel privé à un autre, aime être filmé, même si la médiatisation lui fait peur quand elle s’emballe. Sa rentrée des classes, quelques jours avant la sortie de son livre, dans un établissement de Bourgogne, a été filmée par un média en ligne avec son accord : « Je suis un prof vieille école, voire très vieille école », lance-t-il à ses élèves parmi quelques recommandations fermes : « Je ne supporte pas les retards. Ça me procure de l’urticaire instantanément ». Très Geneviève.

Sur son profil Insta, il écrit : « Rockstar éducatif », « Historien », « Collaborateur Geneviève de Fontenay ». Mais sa médiatisation soudaine le dépasse. Parfois, il se tire une balle dans le pied tout seul, sur le plateau de Cyril Hanouna, en lançant qu’il a interviewé « les soixante Miss France encore vivantes » -alors que c’est beaucoup moins, et pas du tout celles de l’époque post-Madame de Fontenay- mais surtout en lâchant que Camille Cerf lui a confié des agressions sexuelles. Miss France 2015 le reprend très sèchement de volée sur les réseaux sociaux, où elle confie ne l’avoir jamais rencontré. En fait, il a repris une interview ancienne lue dans la presse : « Mea culpa, admet-il. Camille Cerf a raison. J’ai fait une imprécision de langage ».

Sylvie Tellier, miss France 2002 et longtemps directrice de la société miss France, a aussi démenti lui avoir accordé une interview. Il maintient avoir échangé avec elle, elle maintient son démenti. Furieux, il souffre aussi d’un manque de reconnaissance, d’estime même : « Je sais que certaines Miss des années récentes me prennent pour un imbécile, un débile », se désole-t-il. Mais d’autres lui parlent.

« Mon livre n’est pas l’histoire des violences sexuelles dans le concours Miss France »

Le vingtenaire se retrouve un peu malgré lui à défendre une cause, à tenter de lancer un #MeTooMissFrance qui occupe un seul paragraphe dans son pavé : « Mon livre n’est pas l’histoire des violences sexuelles dans le concours Miss France, c’est sûr », admet-il. Sa sincérité ne fait aucun doute. Et depuis la sortie du livre, il a reçu des messages d’anciennes Miss, souvent peu ou pas du tout connues, comme une dauphine en région il y a trente ans, touchées par son intervention sur de nombreux plateaux télés, de M 6 à W9, et qui lui a écrit : « Oui, moi aussi, j’ai été agressée ».

Il a levé un lièvre presque sans le vouloir. Il a voulu aussi ce battage médiatique -comme Geneviève de Fontenay, qui adorait ça- mais craint le retour du bâton. Il est attaqué pour son manque de rigueur, ses erreurs, ses approximations. Mais il espère libérer la parole de miss qui ont connu l’époque des mains baladeuses. Les convaincre de parler. C’est maintenant que commence la bataille la plus difficile, pour lui.