Mouvement du 10 septembre : 200 interpellations en France, 132 dans Paris et sa région

Un dépôt de bus RATP bloqué à Paris, des manifestants sur le périphérique porte de Bagnolet, des feux allumés porte de Montreuil… Le point sur les perturbations ce mercredi matin autour de Paris.

Plusieurs actions et plus de 130 interpellations, selon la police, ont eu lieu ce mercredi matin dans l’agglomération parisienne notamment à la suite de blocages ou tentatives de blocage du périphérique dans le cadre de la mobilisation « Bloquons tout ».

Selon des chiffres transmis au Parisien par la préfecture de police vers 10h30, les forces de l’ordre ont procédé à 132 interpellations dans l’agglomération parisienne. D’après le ministre de l’Intérieur, près de 200 personnes ont été interpellées depuis ce matin à l’échelle de la France et 80 000 forces de l’ordre sont toujours mobilisées.



Quelque 6 000 policiers et gendarmes sont mobilisés dans la capitale, où différentes actions ont déjà été menées.

À l’aube, une centaine de jeunes militants de la mouvance autonome a bloqué un dépôt de bus dans le XVIIIe arrondissement de Paris, avant l’intervention des forces de l’ordre autour de 06h15 avec des gaz lacrymogènes. Ils sont ensuite descendus sur le périphérique au niveau de la porte de Clignancourt, bloquant la circulation avant de s’en aller.

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Intervention policière musclée sur le périphérique

Porte de Bagnolet, une unité des forces de l’ordre a interpellé vers 6h30 plusieurs jeunes manifestants descendus sur le périphérique.

Un blocage était en cours porte de Montreuil vers 7h30, avec une trentaine de motos de la Brav-M (brigade de la répression de l’action violente motorisée) intervenues sur le périphérique dans les deux sens.

Toujours sur le périphérique, mais cette fois-ci du côté du blocage organisé au niveau de la Porte de la Chapelle, des scènes violentes ont été filmées dès 7h30 ce matin. Sur les images, on peut voir des policiers donner des coups de matraque à plusieurs reprises aux manifestants.

Des lycéens sont aussi entrés dans le mouvement : à Hélène Boucher, dans le XXe arrondissement de Paris, des dizaines d’élèves se sont réunies devant l’établissement pour installer un blocus. Dès 8 heures, les policiers ont été pris à partie par les lycéens qui leur ont lancé dessus des poubelles et fumigènes.

Seulement une petite partie des élèves a pu entrer en classe d’après les témoignages. « Je suis arrivé à 7h57, c’était trop tard. À 7h55, ça bloquait », regrette un élève en première qui vient de se prendre, malgré lui, une absence sur Pronote. Une banderole a été déployée « HB bloqué contre la hess », comprenez la galère. Sur une pancarte en carton, les ambitions du mouvement : « 1ère étape : brûler des poubelles. 2e étape : Brûler Matignon comme au Népal ».

D’autres établissements comme Claude Monnet dans le XIIIe arrondissement ont aussi été bloqués par les élèves grâce à des barricades de poubelles, mais pas d’échauffourée à signaler.

Des forces de l’ordre ont également fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser des échauffourées au bas de la rue des Pyrénées suite à un blocage à l’aide de barricades devant les lycées, situés sur le cours de Vincennes (entre le XIIe et le XXe arrondissement), nous indique une source policière.

Tentative d’intrusion dans la gare du Nord

Face aux blocages annoncés, les Franciliens ont visiblement pris leur précaution. La circulation est particulièrement fluide sur la route. À 8h40, le service d’information Sytadin recensait 99 km de bouchons cumulés sur l’ensemble du réseau routier de la région, un niveau jugé « faible ».

Dans les transports en commun, les quais du métro sont presque vides ce matin malgré quelques perturbations en tout début de matinée qui restent cependant « conformes aux prévisions », ont indiqué à l’AFP la RATP et la SNCF. Il en va de même pour le reste des transports en commun.

Les tentatives d'intrusion de plusieurs centaines de personnes dans la gare du Nord de Paris ont été déjouées par les forces de l’ordre vers 11 heures. LP/Benoît Hasse
Les tentatives d'intrusion de plusieurs centaines de personnes dans la gare du Nord de Paris ont été déjouées par les forces de l’ordre vers 11 heures. LP/Benoît Hasse

Les choses se sont compliquées au niveau de la gare du Nord (Xe arrondissement) aux alentours de 11 heures. Selon la préfecture de police de Paris, des tentatives d’intrusion dans la gare du Nord de Paris ont été déjouées par les forces de l’ordre. La police a fait évacuer la gare Transilien et les gendarmes mobiles ont essayé de bloquer les multiples entrées. Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants.

Mobilisations en petite et grande couronne

En petite couronne, de nombreuses actions prennent également court. Vers 10 heures, devant l’hypermarché Carrefour de la Basilique à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), une soixantaine de manifestants étaient rassemblés devant le magasin du centre-ville pour en empêcher l’ouverture. Les grilles de l’hypermarché restaient fermées. Une forte présence policière surveille les manifestants sans tension particulière sur place.

Toujours en Seine-Saint-Denis, devant le collège Jean-Lolive à Pantin, une trentaine de professeurs et représentants syndicaux se sont rassemblés entre 8 heures et 9 heures pour réclamer notamment plus de moyens et d’enseignants, rapporte notre journaliste sur place. Les prises de paroles se sont enchaînées dans le calme, avant que le cortège ne se dirige vers la mairie de Pantin. Selon un syndicaliste de Force Ouvrière, seuls 8 enseignants sur 20 sont présents ce matin au collège, soit plus de 50 % de grévistes.

Des rassemblements naissent un peu partout ailleurs la région. Dans le Val-d’Oise, des centaines de personnes sont actuellement regroupées devant la préfecture (fermée) à Cergy tandis qu’en Essonne, place de la mairie d’Étampes, une cinquantaine de personnes « principalement du 3e âge » se sont également donné rendez-vous.

À Chelles (Seine-et-Marne), depuis le début de la matinée, des militants locaux de LFI et de syndicats animent plusieurs ronds-points. À 9h45, une quarantaine de manifestants filtrent la circulation aux abords du rond-point de l’avenue Charles-de-Gaulle.

« L’ambiance est bon enfant, décrit le député Maxime Laisney (LFI) présent au milieu des cris joyeux qui s’élèvent à chaque fois qu’un conducteur klaxonne. C’est le prix à payer pour passer, ajoute l’élu. Les automobilistes sont arrêtés quelques secondes, on échange quelques mots, on leur donne un tract, ils klaxonnent et ils passent. Tous ne sont pas prêts à faire grève ou à nous rejoindre mais beaucoup nous disent leur énervement après l’annonce de la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon. Macron n’entend rien ! », conclut l’ancien professeur des écoles élu député LFI en juin 2022.

Plus tôt, une tentative de blocage de l’hypermarché Carrefour à Pontault-Combault par une quinzaine de personnes non identifiées a été déjouée par la police. Les manifestants qui s’étaient rassemblés sur le parking du centre commercial, situé à la croisée de la D1004 (ex-nationale 4) et de la N104 (Francilienne Est), ont été d’abord repoussés vers le parking d’un magasin voisin avant d’être dispersés par des forces de police.