Nouveau Premier ministre : après la nomination de Sébastien Lecornu, qui menace de censurer qui ?

La chute du gouvernement Bayrou et la nomination de Sébastien Lecornu ouvrent une période d’incertitude politique. Les partis de gauche, de droite et d’extrême droite ont exposé leurs conditions pour soutenir ou censurer le futur Premier ministre.

Plusieurs noms circulent pour Matignon, mais certains posent leurs conditions. LP/Olivier Corsan
Plusieurs noms circulent pour Matignon, mais certains posent leurs conditions. LP/Olivier Corsan

La messe est dite pour François Bayrou, devenu ce lundi le premier chef de gouvernement de la Ve République à tomber sur un vote de confiance. À peine le couperet tombé, l’heure est déjà à l’après : Emmanuel Macron a nommé mardi soir Sébastien Lecornu à Matignon. Le président avait promis lundi soir de nommer dans les « tout prochains jours » le prochain Premier ministre.

La droite divisée

Le patron des Républicains Bruno Retailleau avait prévenu : « hors de question » d’accepter un Premier ministre socialiste. L’actuel ministre de l’Intérieur a par ailleurs annoncé son intention de proposer un accord de gouvernement au prochain Premier ministre. Il l’a redit ce mardi soir, en proposant au nouveau Premier ministre de « trouver des accords ».

Des déclarations qui font écho à celle du président des députés LR Laurent Wauquiez, lequel avait écarté une « censure automatique » d’un Premier ministre socialiste ou du RN avant de connaître le programme qu’il compte appliquer.



« Vous allez faire tomber des gouvernements qui se présentent sans même savoir ce qu’ils veulent faire ? », s’est-il interrogé, assurant que si l’exécutif comportait « des ministres de LFI ou applique le programme du Nouveau Front populaire », il y aurait évidemment censure.

La gauche fracturée

Dans la course au successeur, le PS s’est placé au centre du jeu, Olivier Faure se déclarant « prêt » pour Matignon. Mais même à gauche, ça grince : la cheffe des députés LFI Mathilde Panot a prévenu que le seul gouvernement que les Insoumis ne censureront pas sera celui qui sera dirigé par l’un des leurs.

« Nous n’accorderons pas notre confiance à un gouvernement qui ne porte pas le programme de rupture sur lequel les socialistes ont été élus », a-t-elle assuré, alors que Jean-Luc Mélenchon a tonné contre la « tambouille » du PS et leur glissement « vers une grande coalition de Glucksmann à Wauquiez ».



Côté socialistes, François Hollande a estimé que le prochain locataire de Matignon devra « faire des compromis sur son propre programme » pour trouver une majorité à l’Assemblée, jugeant que ce programme ne pourrait être « ni la politique menée depuis 2017, ni la politique du Nouveau Front populaire ». La cheffe des Écologistes Marine Tondelier a exhorté le chef de l’État à « recevoir » les chefs des partis de gauche « avant toute décision ».

Le macroniste Gabriel Attal a demandé lundi la désignation préalable d’un « négociateur » à même de vérifier les coalitions possibles, proposition qui semble mort-née.

Le RN en embuscade

Du côté du RN, faute d’obtenir la dissolution de l’Assemblée réclamée, Marine Le Pen a prévenu que s’il prend au président Emmanuel Macron l’envie « de gagner du temps et de nommer un nouveau Premier ministre », alors celui-ci devra tenir compte des « aspirations » de l’extrême droite, sinon « il sera lui aussi censuré ».



Le député RN Jean-Philippe Tanguy a promis sur BFMTV de ne pas « censurer tout et n’importe quoi ». Tout en jugeant « extrêmement peu probable » qu’Emmanuel Macron « se rende compte qu’il s’est trompé depuis huit ans ».