« On revient à une vie normale » : l’eau du robinet de nouveau potable à Bercagny, Le Bellay-en-Vexin et Moussy
Après un mois sans eau potable, les habitants de Bercagny, Le Bellay-en-Vexin et Moussy peuvent de nouveau boire l’eau du robinet depuis ce lundi. L’arrêté préfectoral pris en août, après la découverte d’une pollution à l’anthraquinone, a été levé.

Soulagement pour les habitants du Vexin. Un mois après la découverte d’une pollution de l’eau à l’anthraquinone dans le hameau de Bercagny (Chars), et les communes du Bellay-en-Vexin et de Moussy, l’eau du robinet est de nouveau potable.
Les maires et le syndicat intercommunal des eaux du Val de Viosne (Sievv) l’ont annoncé dans un communiqué commun publié ce lundi 8 septembre sur le site de la commune de Moussy : « L’arrêté préfectoral du 8 septembre 2025 a levé l’interdiction de consommation, après que les analyses du 28 août dernier ont confirmé un niveau d’anthraquinone inférieur à la limite de détection de 0,005 µg/L (microgramme par litre), inférieur à la limite de qualité (0,1 µg/L). »
La station de traitement provisoire au charbon actif en grains, mise en route par l’opérateur Veolia vendredi 5 septembre, a donc permis d’assainir l’eau du réseau en quelques jours. « C’est une très bonne nouvelle, ça évite aux gens de se déplacer en mairie tous les trois jours pour récupérer des packs d’eau, on revient à une vie normale », se félicite Ludovic Bazot, le maire de Bellay-en-Vexin.
« On est soulagé, on va pouvoir réutiliser la machine à café », ajoute Stéphane, le gérant de la brasserie O Bel’Valpaços, ouverte en juillet. Pendant le mois d’août, le commerçant a dû utiliser sa propre machine à capsules pour servir les clients, la sienne ne fonctionnant pas avec l’eau en bouteille. Manque à gagner : 1 500 euros environ, qu’il espère se faire rembourser par son assurance. « On n’a pas de trésorerie, donc ça a été pénible. Là, les gens reviennent de vacances, ça marche bien », se félicite-t-il.
Pose d’une nouvelle canalisation
Le préfet du Val-d’Oise avait pris l’arrêté le 7 août, après la découverte d’une pollution de l’eau à l’anthraquinone dans le réservoir de Bercagny, qui alimente les trois villages. Ce polluant, dont les effets sur la santé humaine sont encore discutés, est parfois présent dans les canalisations anciennes en acier ou en fonte revêtues intérieurement de produits hydrocarbonés.
« Ce sont les variations de taux de chlore dans ces canalisations anciennes qui provoquent ces contaminations » par corrosion, confirme Michel Bajard, le président du syndicat de l’eau.
Habitant du Bellay-en-Vexin, Alain Pigeonnier regrette que les mesures soient prises au dernier moment : « Il faut agir dès que les seuils augmentent, pas quand on atteint le seuil d’alerte. » Il redoute d’ailleurs que de nouvelles contaminations surviennent dans les mois à venir : « Si on prend Le Bellay en Vexin, il y a toute une partie du village qui est encore alimentée par une conduite en fonte. »
La cause de la contamination détectée, les travaux vont pouvoir commencer. Le comité syndical a voté la pose de 2 750 m de canalisations neuves pour 730 000 euros, financés sur les fonds propres du Sievv avec les subventions de l’Agence de l’eau et du département. « Le marché public est négocié pour urgence impérieuse et va donc démarrer sur la troisième semaine de septembre, explique Michel Bajard. Les entreprises sont déjà en train de passer commande. » Avec cette disposition du code des marchés publics, les acheteurs publics peuvent passer des marchés négociés sans publicité ni mise en concurrence.
Quant aux milliers de bouteilles d’eau restant à Moussy et Bellay-en-Vexin, les maires seraient favorables à les distribuer aux habitants et aux écoles du coin. La décision sera soumise en conseil municipal dans les prochains jours.
Un précédent passé sous silence
La page n’est cependant pas près d’être vraiment tournée dans les communes concernées. Cet épisode exceptionnel a en effet soulevé nombre de questions au sein de la population. Des habitants ont ainsi mis le doigt sur un précédent passé sous silence. « Les analyses ont révélé, le 8 août 2024, une concentration d’anthraquinone (0,570 µg/L), supérieure à la limite de qualité de 0,1 µg/L », est-il ainsi relaté dans le communiqué des mairies. « Cette non-conformité ne nous a pas été signalée en temps réel par l’ARS (agence régionale de santé), alors qu’elle est chargée de nous alerter en cas de dépassement des seuils réglementaires. »
Reste à savoir pourquoi l’ARS n’a pas tiré la sonnette d’alarme à l’époque, comme elle l’a fait un an plus tard. Y a-t-il eu un dysfonctionnement ? Selon nos interlocuteurs, la réponse est en cours d’instruction. En attendant d’en savoir plus, les élus s’engagent à une totale « transparence » et à un dialogue constant.


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