« Quand il y a des meurtres horribles, il faut prendre des mesures horribles » : le meurtre d’Iryna, 23 ans, qui enflamme l’Amérique
En août dernier, dans un bus de Charlotte (Caroline du Nord) Iryna Zarutska, une réfugiée ukrainienne de 23 ans, a été tuée sans raison par un déséquilibré au lourd passé judiciaire.
Écouteurs vissés dans les oreilles, la blonde en uniforme de serveuse et casquette monte dans ce train de Charlotte (Caroline du Nord) en regardant son téléphone. Elle s’assied devant un Noir Américain aux longues tresses couvertes par sa capuche rouge. L’homme semble agité, mais Iryna ne s’en aperçoit pas. Pas plus qu’elle ne voit l’homme sortir un petit couteau de sa poche et l’ouvrir. En quelques secondes, l’agresseur se lève, déploie son bras et frappe la réfugiée ukrainienne de 23 ans de plusieurs coups de couteau.
Cet homicide remonte au milieu de l’été mais les images des minutes précédant le meurtre d’Iryna Zarutska viennent d’être diffusées par les médias américains, donnant un argument au président Donald Trump pour intensifier sa lutte contre la criminalité grandissante à ses yeux.
C’est pour fuir la guerre en Ukraine qu’Iryna, sa mère, son frère et sa sœur arrivent en urgence aux États-Unis voilà trois ans. Diplômée d’une université de Kiev en art et en restauration, la jeune « artiste talentueuse et passionnée, se rêvait désormais assistante vétérinaire, selon une notice nécrologique citée par Reuters.
Mais Iryna a succombé le 22 août dernier à une violente et probablement aléatoire attaque au couteau alors qu’elle sortait de son travail dans une pizzeria. L’auteur présumé du crime est Decarlos Brown Jr., 34 ans, déjà condamné plusieurs fois et atteint de troubles mentaux. Le récidiviste a frappé la jeune femme à plusieurs reprises avec son couteau déplié, dont une fois dans le cou, selon la police.
Le suspect aurait dû se trouver en prison, estiment les Républicains
Le suspect a été inculpé de meurtre au premier degré et un juge a ordonné son internement au moins 60 jours pour une évaluation psychiatrique. Il est très défavorablement connu de la justice et a déjà passé plusieurs années en prison, notamment pour vol à main armée, selon des archives de justice consultées par Reuters.
Dernière interpellation : en janvier dernier, il a été arrêté pour avoir téléphoné à de multiples reprises au 911, la ligne des urgences. Decarlos Brown Jr. était persuadé qu’il avait été drogué avec une substance « artificielle » par quelqu’un qui voulait contrôler son comportement. Le suspect voulait que la police enquête. Un juge l’avait libéré, réclamant une expertise psychiatre avant de pouvoir poursuivre la procédure. Cette dernière est toujours en cours.
Profil de la victime, passé du suspect, gratuité du geste… Le fait divers a d’abord eu un retentissement local avant de déclencher un tollé national opposant démocrates et républicains concernant la lutte contre la criminalité dans le pays. Peu après les faits, la maire démocrate de la ville, Vi Lyles, avait exprimé sa tristesse : « Comme beaucoup d’entre vous, j’ai le cœur brisé et je réfléchis sérieusement à la sécurité réelle dans notre ville. Je reste déterminée à faire tout ce que nous pouvons pour protéger nos habitants et faire de Charlotte un endroit où chacun se sent en sécurité. » Puis elle avait ajouté : « Je veux être claire, je ne diabolise pas ceux qui ont des difficultés avec leur santé mentale, ou qui n’ont pas de logement »
« Quand il y a des meurtres horribles, il faut prendre des mesures horribles »
Mais c’est après la diffusion de la vidéo par la compagnie de transports en commun, que l’édile avait appelé à ne pas relayer, que ses propos ont été repris et décriés par les Républicains. « La maire de Charlotte ne veut pas que les médias vous montrent la triste vérité. Pourquoi ? Parce qu’elle et d’autres responsables publics dans sa ville portent leur part de responsabilité », a affirmé dimanche le ministre des Transports, Sean Duffy. Selon les Républicains, le suspect aurait dû être écroué après son arrestation en janvier. « En ne le punissant pas comme il se doit, Charlotte a trahi Iryna Zarutska et les habitants de Caroline du Nord », a ajouté Sean Duffy sur X.
Stephen Miller, proche conseiller de Donald Trump notamment en matière d’immigration, a lui accusé le Parti démocrate de s’organiser autour de la « défense et de la protection des criminels, des monstres, et des dépravés ».
Et c’est désormais Donald Trump qui s’empare publiquement du sujet. « Quand il y a des meurtres horribles, il faut prendre des mesures horribles », a-t-il déclaré lors d’un discours à Washington. Pour le président et ses alliés, ce meurtre justifie de renforcer et étendre la criminalité dans les agglomérations dirigées par les démocrates et qu’ils estiment gangrenées par le crime.
Ce durcissement de la répression nécessite selon lui d’y envoyer des agents fédéraux et des troupes de la Garde nationale et notamment à Chicago. En août, Trump avait dépêché la Garde nationale dans la capitale le mois dernier. Tout comme en juin : 4 000 Gardes nationaux ont été dépêchés à Los Angeles, face à une mobilisation sans précédent contre les interpellations en série d’étrangers en situation irrégulière dans la ville.
