Scandale Equalis : l’ex-directeur au train de vie luxueux condamné pour détournements de fonds publics
Le jugement a été rendu ce mardi 9 septembre. Arthur Anane, qui a dirigé pendant deux ans l’association humanitaire et sociale basée à Mareuil-lès-Meaux (Seine-et-Marne), a été reconnu en partie coupable de détournements de fonds publics. Le sexagénaire indique qu’il compte faire appel.

Lunettes cerclées, élégamment tout de noir vêtu, il s’est avancé à la barre d’un pas décidé. Ce mardi après-midi, Arthur Anane, 64 ans, était venu entendre le sort que lui ont réservé les magistrats du tribunal correctionnel de Meaux. Celui qui a dirigé entre 2019 et 2021 Equalis était poursuivi pour détournements de fonds publics. L’association humanitaire et sociale, basée à Mareuil-lès-Meaux, vient en aide à des personnes sans logement.
L’épilogue d’une procédure lancée à la suite des révélations sur le salaire mirobolant de près de 15 000 euros par mois et les avantages octroyés au sexagénaire (voiture de luxe, logement, repas…) finalement licencié en 2022 par Equalis. Une association qui fonctionnait avec plus de 80 millions d’euros provenant à plus de 90 % d’argent public et dont les quelque 700 salariés viennent en aide à 14 000 personnes, mineurs isolés, enfants placés ou sans-logis faisant appel au Samu social. En Seine-et-Marne et dans les départements franciliens voisins.
« Je vous accuse d’avoir rêvé votre vie d’agent du secteur public »
Lors de l’audience, le 10 juin 2025, l’avocate d’Equalis, Me Juliette Lévy-Bissonnet, a estimé qu’Arthur Anane avait « détourné 600 000 euros de fonds publics en contradiction totale avec l’objet social de l’association. M. Anane s’est gavé sur le dos d’une association qui mène un travail d’intérêt général. C’est d’une indécence incroyable. »
Le procureur de la République de Meaux, Jean-Baptiste Bladier, n’avait pas non plus été tendre avec l’ancien cadre. Il avait notamment fustigé les quatre séminaires qu’il avait organisés pour un total de 220 000 euros ou encore le choix de son Audi Q7 de fonction estimé 90 000 euros. « Je vous accuse d’avoir rêvé votre vie d’agent du secteur public ! », lui avait-il asséné.
Prison avec sursis et 20 000 euros d’amende
Le chef du parquet de Meaux avait requis une peine de cinq ans de prison avec sursis et une amende de 50 000 euros. Il avait également demandé que ses deux biens immobiliers personnels, un appartement à Paris de 172 000 euros et une maison de 400 000 euros à Chessy lui soient confisqués.
Le tribunal correctionnel a en partie suivi ces réquisitions. Sur les accusations de détournements de fonds concernant le versement d’indemnités de licenciement plus de 130 000 euros à un salarié qui n’aurait travaillé que sept mois, et les fameux frais de séminaires, Arthur Anane a été relaxé. « Pas caractérisé » pour l’un, « qui relèvent plutôt de la faute professionnelle » pour l’autre.
En revanche, il a été reconnu coupable des autres détournements. Il s’est vu infliger trois ans d’emprisonnement avec sursis et 20 000 euros d’amende. Le tribunal a aussi prononcé une peine d’inéligibilité de cinq ans, ainsi qu’une interdiction d’exercer une fonction publique durant cette même durée. Il a prononcé la confiscation de l’appartement parisien d’une valeur de 172 000 euros mais pas celle de sa maison de Chessy.
« Le feuilleton n’est pas terminé »
Arthur Anane devra également verser 1 000 euros de dommages et intérêts à l’association Anticor, qui s’était portée partie civile. Tout comme l’association Equalis. À celle-ci, le prévenu est condamné à payer 440 194,76 euros, somme à laquelle il faut rajouter 20 000 euros de préjudice moral.
À ses côtés, les deux autres prévenus dans cette affaire, jugés pour complicité de détournement de fonds publics et pour recel de prise illégale d’intérêt, ont entendu avec soulagement le tribunal prononcer leur relaxe.
À la barre, Arthur Anane, imperturbable, a noté scrupuleusement le jugement dans son carnet rouge, avant de ressortir tranquillement du palais de justice. « Je vais faire appel. Le feuilleton n’est pas terminé », confie-t-il avant de tourner les talons.







