Sébastien Lecornu nommé Premier ministre : pour le gouvernement, il va falloir attendre…

Sébastien Lecornu consultera les partis politiques avant de nommer ses ministres. L’équipe actuelle et démissionnaire va devoir gérer les affaires courantes durant plusieurs jours… voire semaines.

Gérald Darmanin (à gauche, ici en 2023) pourrait rester ministre de la Justice dans le gouvernement de Sébastien Lecornu. AFP/Emmanuel Dunand
Gérald Darmanin (à gauche, ici en 2023) pourrait rester ministre de la Justice dans le gouvernement de Sébastien Lecornu. AFP/Emmanuel Dunand

Ce 1er septembre, François Bayrou entame sa dernière semaine à Matignon. Dans un ministère voisin, un membre de son gouvernement imagine la suite : « On pourrait très bien avoir la même équipe mais juste en changeant de Premier ministre, non ? Personne n’a démérité ! » On prend les mêmes et on recommence ? « Ceux qui imaginent ça sont loin du compte », prédit un conseiller ministériel. « S’il consulte les forces politiques, c’est pour ouvrir », confirme un proche de Sébastien Lecornu.

Dans son communiqué, l’Élysée précise qu’à « la suite de ces discussions, il appartiendra au nouveau Premier ministre de proposer un gouvernement au président de la République. » Recevoir tous les chefs politiques, lister les lignes rouges et trouver des compromis sur le budget, « ça prend deux semaines minimum », assure une source ministérielle, habituée aux longues séances de négociations.

Retailleau et Darmanin ont de grandes chances de rempiler

En attendant, les ministres démissionnaires vont devoir gérer les affaires courantes, sans savoir s’ils seront reconduits, ou non. Le supplice chinois. « Faire cela dans un moment social fort, je ne le recommanderais pas », alerte une ministre de premier plan, inquiète de voir le mouvement social du 18 septembre se dérouler sans nouvel interlocuteur aux ministères de l’Économie, du Travail, de l’Éducation nationale ou encore à l’Intérieur.

Mais les « ex » pourraient être reconduits. En tête : Bruno Retailleau et Gérald Darmanin qui ont de grandes chances de rempiler à leurs postes respectifs, places Beauvau et Vendôme. « Retailleau a aimé travailler avec Lecornu pendant la campagne de François Fillon, rappelle un proche du ministre de l’Intérieur. Ce sont deux élus ruraux qui ont la même grammaire. Avec lui, on n’aura plus à expliquer à nos électeurs pourquoi on participe au gouvernement, ça sera plus naturel qu’avec Bayrou. »

VidéoSébastien Lecornu nommé Premier ministre

Ce mardi matin, lors d’une réunion avec des parlementaires, Gérald Darmanin, ami proche du nouveau Premier ministre, a émis le souhait de rester garde des Sceaux. Également dans la liste des indéboulonnables, Rachida Dati devrait être, une nouvelle fois, soutenue par le président. « Elle arrive à parler à des gens à qui on n’a plus accès », reconnaît l’une de ses collègues.

« Sébastien veut des ministres de gauche »

Également donnée restante, Élisabeth Borne se verrait bien conjurer le sort de la valse des ministres de l’Éducation nationale, et ce depuis trois ans. Rue de Grenelle (Paris VIIe), comme ailleurs, beaucoup de ministres se vantent d’être soutenus par leur « écosystème » qui réclamerait leur maintien. Mais il faudra faire de la place pour les nouvelles recrues ou autres prises de guerre.

« Sébastien veut des ministres de gauche », assure un proche du nouveau chef du gouvernement. Le président délégué des sénateurs socialistes, Rachid Temal, fait partie des interlocuteurs réguliers de Lecornu. « Et si vous avez des entrées de gauche, ils vont être fléchés au Logement, à l’Éducation, au Travail ou à la Santé », redoute un ministre de droite.



Détentrice de ces deux derniers portefeuilles, Catherine Vautrin voit son nom circuler pour les Armées, rumeur balayée, en coulisses, par des fidèles de Sébastien Lecornu. Quid également de Bercy ? Éric Lombard et Amélie de Montchalin, qui ont défendu le plan d’économies de 44 milliards d’euros, pourront-ils défendre le prochain, sûrement revu à la baisse ? Également menacé : Manuel Valls, l’un des successeurs de Sébastien Lecornu à l’Outre-Mer, dont la ligne a été jugée beaucoup trop pro-indépendantiste dans sa gestion du dossier de la Nouvelle-Calédonie.

Durant une période indéterminée, le gouvernement démissionnaire va désormais vivre au rythme des rumeurs, fantasmes et boules puantes. La troisième fois en seulement un an pour certains membres du gouvernement survivants. Et, à en croire ce conseiller de l’ombre, « on ne s’habituera jamais à cet enfer ».