Sébastien Lecornu nouveau Premier ministre : la revanche du favori de Macron
Ce mardi, le ministre des Armées a bien cru que le poste de Premier ministre allait encore lui échapper.

Ce mardi 9 septembre est à marquer d’une pierre blanche : pour une fois, Emmanuel Macron est vraiment « allé vite » et tout s’est passé comme prévu. « Le président de la République a nommé monsieur Sébastien Lecornu Premier ministre », a annoncé mardi, à 20 heures, un communiqué de l’Élysée officialisant le remplacement de François Bayrou tombé la veille. « Le choix du cœur », selon une figure du gouvernement. Le rattrapage d’un rendez-vous manqué – d’une frustration ? En décembre 2024, le président avait (déjà) décidé d’installer le ministre des Armées rue de Varenne (VIIe), mais s’était fait tordre le bras par le Béarnais.
« Lecornu, c’est un mec capable de dialoguer avec tous, qui a une vitesse de jeu et qui n’est pas connu, donc sans passif de l’opinion », décode un confident du président pour expliquer ce choix. En somme, le Normand correspond au portrait-robot dressé au Palais. À savoir quelqu’un qui ne soit pas candidat en 2027, capable de nouer des accords du PS à LR et de les rendre acceptables pour tout le monde. Un point crucial.
Car Emmanuel Macron a été frappé par la dureté des interventions dans l’hémicycle lors du vote confiance sollicité par Bayrou lundi. « Il y a une grande violence dans les propos de certains responsables politiques à l’Assemblée. Une haine qui pointe parfois même », a déploré après coup le président devant ses interlocuteurs.
« C’est hyperchaud de faire ça le 10 »
La rondeur, voilà l’un des principaux atouts de Lecornu aux yeux de Macron. Affable, fin tacticien, il cultive des relations sur tous les bancs. Y compris, les plus sulfureuses, comme lorsqu’il dîne il y a quelques mois avec Marine Le Pen. Or, c’est précisément un Premier ministre négociateur que recherche Emmanuel Macron. Le voilà « chargé de consulter les forces politiques représentées au Parlement en vue d’adopter un budget pour la Nation et bâtir les accords indispensables aux décisions des prochains mois », a précisé le communiqué de l’Élysée. Ce n’est qu’une fois cette mission remplie, que les ministres seront nommés.
Voilà donc un ultra-proche promu à la tête du gouvernement. Ce mardi, c’est même la revanche du « courtisan », comme l’avait épinglé François Bayrou en décembre dernier pour s’imposer rue de Varenne. De quoi ajouter une pincée de piment à la passation de pouvoirs qui se tiendra ce mercredi à midi pile. En plein mouvement « Bloquons tout »… « C’est hyperchaud de faire ça le 10 », tremble un conseiller gouvernemental.
Ces derniers jours, le ministre des Armées n’a pas été inactif, passant de nombreux appels à droite comme à gauche pour mesurer ses chances. En campagne. Jusqu’à, dans la dernière ligne droite, commencer à réfléchir à la composition de son cabinet à Matignon, « pour être prêt et opérationnel immédiatement ». Selon nos informations, il pourrait nommer un vieux compagnon de route comme directeur de cabinet : Philippe Gustin, ex-directeur général des services de l’Eure quand Lecornu était président du département, puis membre de son cabinet aux Outre-mer et à Brienne. « Un vrai profil politique qui sera précieux dans la séquence », juge une connaissance.
Le Normand a pourtant connu les montagnes russes, ce mardi. Cloîtré une bonne partie de la journée dans son bureau de la rue de Brienne (VIIe), « à travailler sur ses dossiers défense », dit un proche, sans nouvelle du chef de l’État. Et visiblement très agacé d’entendre son nom circuler partout… au risque de lui porter la poisse. « Tout le monde y va de son truc. Mais en fait, personne n’en sait rien », réagit-il auprès d’un interlocuteur. Tendu, jusqu’en début de soirée et les appels de l’Élysée pour lui annoncer qu’il a finalement été choisi. Cette fois-ci, c’est la bonne.
« Le prochain Premier ministre qui tombe, il emmène Macron avec lui »
Il a pourtant bien cru à un bis repetita de ce maudit mois de décembre. Car dans la toute dernière ligne droite, la machine a semblé se gripper. Notamment lorsqu’Emmanuel Macron a reçu en milieu de journée François Bayrou, venu lui remettre officiellement sa démission. Selon nos informations, le désormais ex de Matignon n’aurait pas été tendre (encore une fois) face à l’idée de promouvoir son cadet (39 ans). Pas assez solide, à ses yeux, pour affronter la tempête actuelle et relever le défi de passer un Budget.
Tandis que d’autres historiques s’interrogeaient sur le risque politique pour Macron de nommer un profil macroniste, qui plus est parfois surnommé « le collaborateur » du président. Il n’en fallait pas moins pour geler le processus… D’autant d’autres prétendants se sont manifestés. À commencer par Yaël Braun-Pivet qui, selon nos informations, a fait une offre de service au chef de l’État lundi matin quand ils se sont vus en tête-à-tête à l’Élysée. « Dans la situation dans laquelle vous êtes, si je peux vous être utile parce que je peux parler à tout le monde, je suis prête à quitter la présidence de l’Assemblée nationale pour le faire », a-t-elle dit au président. Avant d’avancer ses pions sur RTL, mardi matin…
Mais cette fois, Emmanuel Macron s’est écouté. Quitte à braquer le PS – même si Macron a appelé directement le premier secrétaire Olivier Faure, à 20 minutes de la nomination. Et alors qu’il joue très gros : « Le prochain Premier ministre qui tombe, il emmène Macron avec lui », assène un député de gauche.

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