« Un tremplin vers le monde du travail » : comment l’apprentissage du vélo remet en selle ces habitantes du 93
Depuis 2020, l’association cycl’Avenir dispense des sessions d’apprentissage du vélo à destination des femmes en situation de précarité. Pour les participantes, c’est un moyen de gagner en confiance en soi et en indépendance en vue de (re) trouver un emploi.

Casque sur la tête et gilet de signalisation sur le dos, la petite équipe du programme En S’Elle(s) de l’association cycl’Avenir pédale vers le Zénith à Paris (XIXe). Pendant trois heures, les quatre participantes, toutes habitantes de Seine-Saint-Denis, tentent d’améliorer leur maîtrise du vélo sous les conseils de l’équipe de l’association.
Ce mardi-là, Waheba monte doucement sur sa bicyclette. Elle s’accroche avec fermeté au guidon, met les pieds sur les pédales et s’élance sur le parvis de la salle de concerts de la Villette. D’abord tremblante, elle s’arrête plusieurs fois pour réajuster sa position sur la selle et prend rapidement de l’assurance.
Un vélo et son équipement proposés à 25 euros pour les participantes
« Je suis fière de moi : la première fois que je suis venue, je ne savais même pas pédaler », sourit-elle. Il y a quelques mois encore, la quadragénaire n’était jamais montée sur un vélo : « J’avais trop peur. Aujourd’hui, ça va me changer la vie. » Lorsqu’elle aura passé le test d’habilité qui lui permettra d’acheter le pack solidaire de l’association qui propose un vélo et son équipement à 25 euros, Waheba se réjouit d’aller faire ses courses à vélo. « Je suis fatiguée de constamment marcher », souffle-t-elle, les joues rougies par l’effort.

Depuis 2020, cycl’Avenir propose des sessions de formation à destination des femmes en situation de précarité. « L’association accompagne des femmes qui cumulent des isolements économique et social et qui sont accompagnées par des structures sociales et de solidarité », détaille Maryline Robalo, sa directrice. Le projet est notamment financé par le conseil départemental de Seine-Saint-Denis et par un collectif de bailleurs sociaux.
Le programme se déroule sur sept mois. Un temps long mais nécessaire, selon Maryline Robalo. « Ce sont des personnes qui cumulent des difficultés, il faut qu’elles puissent aller à leur rythme, souligne-t-elle. Ces séances sont aussi un tremplin vers le monde du travail. Lorsqu’elles arrivent, elles sont parfois abîmées donc ça leur permet aussi de reprendre confiance en elles. »
« En Seine-Saint-Denis, la mobilité est le deuxième frein pour le retour à l’emploi »
Alors que Waheba s’entraîne au slalom entre des plots verts, Ourida, 50 ans, tente d’apprendre à pédaler. « C’est la peur qui m’empêche de me lancer, confie la mère de famille, son casque vissé sur la tête. Je n’avais jamais eu la chance d’apprendre avant mais c’est important de faire du vélo, alors je persévère. »
Depuis quelques mois, Ourida est à la recherche d’un emploi. « J’espère que le vélo pourra m’aider avec ça », poursuit-elle entre deux gorgées d’eau. « En Seine-Saint-Denis, la mobilité est le deuxième frein pour le retour à l’emploi », constate la directrice de cycl’Avenir.
Orianne Miyakou, une salariée de l’association, est en charge de l’apprentissage. Elle explique que le vélo permet aux participantes à la fois de pratiquer une activité physique et de créer du lien social. « Elles pourront se déplacer sans dépendre des transports ou de quelqu’un », dit-elle. La plus grande difficulté pour apprendre à pédale à l’âge adulte, selon elle, c’est l’appréhension. « Il faut être patient », glisse-t-elle. En jetant un œil à ses apprenties, Orianne sourit : « Je suis fière d’elles. On voit que c’est difficile mais elles persévèrent. »
Une solution de garde d’enfants proposée
Alors que chacune avance à son rythme, Dehbia fait des tours de vélo sur le bitume suivie de ses deux filles, qu’elle emmène à chaque séance. Lorsque les mamans suivent le cours, l’association met à disposition un salarié ou un bénévole en plus pour surveiller leurs enfants. « On refuse que des femmes se freinent car elles ne peuvent pas faire garder les enfants », insiste Maryline Robalo.
Alors que le cours touche à sa fin, Naouel range ses affaires, encore essoufflée. « Je ne pensais pas que j’arriverais jusque-là, lance la quadragénaire, accompagnée de son fils. C’était vraiment mon rêve d’enfance de faire du vélo. » Petite, elle a grandi dans une fratrie de quatre enfants : « Mon père n’a jamais eu les moyens de m’acheter un vélo. »

Son fils sur les genoux, elle espère que cette nouvelle compétence lui permettra de trouver plus facilement un emploi lorsqu’elle obtiendra son titre de séjour. « J’ai encore peur de chuter, confie-t-elle, mais quand je vois les autres femmes le faire, je me dis : Moi aussi j’ai deux pieds, je vais y arriver ! »




![Quand les policiers sont arrivés sur les lieux le blessé était déjà à l'hôpital. (Illustration)
(MaxPPP TagID: maxstockworld476528.jpg) [Photo via MaxPPP]](https://www.leparisien.fr/resizer/vr4pSw3fJIsfqTD00KQxJNwd36Y=/1400x0/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/leparisien/M3IQCCJA2FDFXMMR53YVJEA7RI.jpg)



